Dégringolade du rouble malgré le coup de pouce de la Banque centrale

Un mini krach est survenu en Russie lundi 15 décembre. Le rouble a de nouveau plongé. La monnaie russe a même subi l'une de ses plus fortes baisses en quelques heures : près de -20% face au dollar et à l'euro ce mardi. En fin de journée, lundi, la Banque centrale de Russie a donc relevé drastiquement son taux directeur à 17%, entraînant un rebond temporaire le lendemain. Mais la dégringolade a finalement repris et continuait encore en fin de matinée ce mardi.

La situation semble incontrôlable, et l'inflation qui résulte de la plongée du rouble devrait être de 11,5% en un an, selon la Banque centrale. Celle-ci n'avait donc d'autre choix que l'action, après que le rouble a atteint un seuil psychologique de plus de 60 roubles pour un dollar. La mesure, qui a consisté à relever le taux directeur de la Banque centrale à 17%, est radicale. Elle vise à reprendre la situation en main.

La Banque centrale a établi lundi un scénario cauchemardesque pour l'économie russe l'année prochaine, dans l'hypothèse où les prix du pétrole se maintiendraient autour de 60 dollars le baril. Le produit intérieur brut de la Russie pourrait alors, lui aussi, chuter de 4,5 à 4,8%.

Autre crainte : la perspective de nouvelles sanctions économiques de la part de l'Union européenne dans le cadre de la crise ukrainienne. Tous les yeux sont à présent tournés vers le président russe Vladimir Poutine, qui donnera jeudi sa grande conférence de presse annuelle, alors que certains magasins de Moscou fixent désormais leur prix en devises étrangères, comme cela était le cas durant la crise économique des années 1990.


■ ANALYSE

Ce sont les Russes qui « trinquent » une nouvelle fois. En cette période de fêtes, leur pouvoir d'achat diminue. « Le consommateur russe consomme beaucoup de produits importés. Une chute du taux de change du rouble renchérit des produits importés, qui vont avoir des répercussions sur l'ensemble des autres prix intérieurs de la Russie. On estime aujourd'hui que l'inflation pour 2014 va dépasser les 10%, et ceci rogne évidemment sur le pouvoir d'achat, cette fois-ci interne, des consommateurs russes » explique sur RFI de Julien Vercueil, maître de conférences en sciences économiques à l'Institut national français des langues et civilisations orientales (Inalco), spécialiste de la Russie. 

Mais toutes les couches de population ne sont pas touchées de la même manière. « La structure de consommation des ménages les plus modestes n'est pas du tout la même que celle des classes aisées et des classes moyennes, poursuit Julien Vercueil, et elle dépend bien davantage de produits qui sont réalisés sur le territoire de la Russie. L'impact de la chute du rouble est beaucoup moins important sur ces populations-là que pour les autres.

Deuxièmement, ce que l'on constate aussi, c'est que les amortisseurs classiques de baisse du niveau de vie que sont l'autoconsommation, les marchés parallèles, etc., jouent leur rôle, et donc le niveau de vie effectif de la population et en particulier des retraités ne chute pas aussi vite que l'on pourrait s'y attendre s'il n'y avait pas ces amortisseurs-là. »

Partager :