Avec notre correspondante à Moscou, Véronika Dorman
Le Comité contre la torture est l’une des dernières ONG présentes en Tchétchénie, qui continue de lutter contre les abus des autorités locales. Mais l’organisation est désormais dans le collimateur du président de la République de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov. Après des affrontements entre les forces de l’ordre et des rebelles islamistes à Grozny, Kadyrov a appelé à des représailles contre les familles des rebelles. Le responsable de l’ONG, Igor Kaliapine, a accusé Kadyrov d’inciter ainsi ses agents à des actes criminels.
L’irascible Kadyrov a réagi en accusant à son tour Kaliapine de prendre la défense des bandits et de travailler pour le compte des services secrets occidentaux. Les défenseurs des droits de l’homme ont interprété ces déclarations comme une menace directe, comme un ordre tacite de s’en prendre à leur ONG.
L’incendie du bureau de l’association à Grozny, ce samedi, et les intimidations contre les militants sont un signal inquiétant. Si les rebelles s’activent, comme le relèvent les observateurs, on peut s’attendre à ce que s’intensifient aussi les exactions commises par les forces de l’ordre sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Quand les témoins et dénonciateurs deviennent vraiment gênants.