C'est un ministère un peu particulier : pas de dorures ni de parquet, mais un bar-chapiteau en forme de champignon en guise de salle de réunion, un abri en contreplaqué pour passer la nuit, et de l'herbe indisciplinée sous les pieds. Il s'agit du « ministère des Bonnets d'âne ».
Les parents d'élèves qui se relaient jour et nuit sur cette petite friche urbaine dénoncent le manque de moyens attribués aux écoles de la Seine-Saint-Denis. Des concerts et ateliers y ont été organisés tout le week-end pour interpeller les pouvoirs publics sur ce que les parents d'élèves appellent la « discrimination territoriale ». Julia donne un exemple parmi beaucoup d'autres : « Dans le quartier où j’habite, il y a quatre écoles et quatre groupes préscolaires ; en tout, il manquait 13 professeurs le jour de la rentrée. Pendant trois semaines, ma fille n’a pas eu école ».
« Pas logés à la même enseigne »
Blouson zippé jusqu'en haut, les deux mains dans les poches, Machoud Kouton est l'un des initiateurs de l'action. Il n’hésite pas à parler de discrimination : « Il faut appeler les choses par leur nom. À partir du moment où on n’est pas logés à la même enseigne que d’autres académies qui sont à côté d’ici, avec une situation qui s’aggrave d’année en année et dont les principaux responsables sont informés, on peut considérer qu’on est dans un laisser-aller discriminatoire ».
Les porteurs de bonnets d'âne réclament un plan d'urgence, et rappellent que l’État investit près de 50% de plus pour la scolarité d’un petit Parisien que pour un élève de l’académie de Créteil.
La Seine-Saint-Denis n'est pas le seul département souffrant des baisses de crédit de l'Etat : on retrouve les mêmes préoccupations dans les Bouches-du-Rhône – en particulier dans les quartiers nord de Marseille – ou encore dans la région Nord.