Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Christophe de Margerie était opposé aux sanctions à l'égard de la Russie et ne le cachait pas. Ainsi, juste avant sa mort, il a participé à une réunion sur les investissements étrangers, présidé par le Premier ministre russe Dmitri Medvedev.
Le patron de Total n'a sans doute pas résisté à l'opportunité de jouer, une fois de plus, les intermédiaires non officiel entre Paris et Moscou. Son dernier discours devant Dmitri Medvedev, rendu public après sa mort, en fait foi. Il s' y déclare opposé aux sanctions, affirme qu'il ne veut pas s'immiscer dans les questions politiques, mais enjoint le gouvernement russe à rétablir un espace de stabilité et de paix entre la Russie et l'Europe, ajoutant qu'il donne le même conseil à son gouvernement. « Dans l'énergie, tous les sujets sont liés à la politique », disait-il.
Il était coprésident de la Chambre de commerce France-Russie, avec Gennady Timchenko, l'un des oligarques les plus influents de Russie. Il connaissait personnellement tous ceux qui comptent en Russie dans le monde des affaires, comme dans celui de la politique, et reconnaissait avoir eu des rendez-vous au Kremlin. Il avait rencontré Serguei Narychkine, le président du parlement lors de sa visite en France à l'invitation du Conseil de l'Europe, alors qu'il est sous le coup des sanctions. « On ne resoudra pas la crise ukrainienne sans les Russes », se justifiait Christophe de Margerie.
■ Enquête sur les circonstances du crash
Une enquête a été ouverte à Paris pour homicide involontaire, après la mort de Christophe de Margerie, le PDG de Total, décédé lundi 20 octobre dans un accident entre son avion et un engin de déneigement, près de Moscou, en Russie. Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) a envoyé trois enquêteurs sur place pour éclaircir les causes de cet accident.