Les services secrets s’invitent dans la campagne électorale roumaine

Alors que les Roumains doivent se rendre aux urnes le 2 novembre pour le premier tour de l’élection présidentielle, le président roumain vient d’affirmer que le Premier ministre a été un agent infiltré des services de renseignements extérieurs, alors qu’il exerçait la fonction de procureur.

Avec notre correspondant à Bucarest,

Le président roumain et son Premier ministre sont des ennemis jurés. Traian Basescu, le président de centre-droit a été obligé de cohabiter avec Victor Ponta depuis deux ans, depuis que le Parti social-démocrate a remporté les élections. Aujourd’hui, Ponta est le principal favori pour l’élection présidentielle, où l’actuel président ne peut plus se présenter.

De l’avis des experts, l’actuel président veut néanmoins tout essayer pour empêcher son rival de devenir président de la Roumanie. C’est pour cela donc qu’il aurait sorti cette affaire, vieille de 15 ans, où Victor Ponta est présenté comme ayant été un agent infiltré des services de renseignements extérieurs - l’équivalent de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), en France - alors qu’il était jeune procureur. Cela expliquerait l’ascension fulgurante de Victor Ponta à la fin des années 1990. Ce dernier n’a pas encore démenti formellement l’accusation de Traian Basescu.

Convaincre les électeurs indécis

Cette révélation peut-elle dès lors diminuer les chances de Victor Ponta pour la présidentielle ? Il est crédité actuellement de 40% d’intentions de vote, mais il en faut plus de 50% pour gagner une élection. Sans doute y aura-t-il donc un second tour, au cours duquel Victor Ponta affrontera le plus probablement Klaus Iohannis, un candidat de centre droit, issu de la minorité allemande de Roumanie. Le problème de Ponta est de convaincre les électeurs indécis de voter pour lui, ce qui sera compliqué après les révélations de Basescu. D’ailleurs, les autres candidats pour le premier tour de la présidentielle ont déjà demandé à Victor Ponta de démissionner de ses fonctions et de retirer sa candidature.

Le patron des services de renseignements extérieurs a démissionné, et se présente lui aussi à la présidence roumaine. Une situation qui n’est pas inédite. Il y a trois ans, en effet, l’ancien chef des services des renseignements extérieurs avait lui aussi démissionné pour devenir Premier ministre. Il n’est resté que deux mois, car son gouvernement est tombé à la suite d’une motion de défiance. Aujourd’hui, le patron du service roumain de renseignement - l’équivalent de la Direction générale de la sécurité intérieure, en France - George Maior, dit vouloir quitter son poste après l’élection.

Pôle position

Dans les journaux, son nom figure en pôle position pour prendre la tête du gouvernement, si l’actuel Premier ministre, Victor Ponta, devient président. Les services d’information ont la côte en Roumanie, selon les sondages, mais cette implication dans la vie politique risque de poser un problème pour le jeu démocratique, surtout dans un pays ou la mémoire de la Securitate, la police politique de l'ancien dictateur Ceausescu reste très présente.

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