Avec notre correspondant à Bucarest, Luca Niculescu
Costume sombre, chapeau gris, l’air absent – c’est ainsi que s’est présenté devant les juges Alexandru Visinescu – l’homme accusé de crimes contre l’humanité. Le Parquet affirme que Visinescu avait « instauré un régime d’extermination » à la prison de Ramnicu Sarat, qu’il a dirigé dans les années 50.
Au moins 14 détenus sont morts suite aux mauvais traitements. « Visinescu était une brute qui nous passait régulièrement au tabac », clament ses victimes. Alexandru Visinescu lui-même se présente comme une victime. « Je n’étais par responsables des règles dans la prison, dit-il, je ne faisais que respecter les ordres de la dictature communiste. »
25 ans après la chute de cette dictature, la Roumanie se retrouve ainsi confrontée à l’une des pages les plus noires de son histoire récente. Plus de 600 000 personnes ont été détenues entre 1947 et 1989 dans les prisons ou les camps de travail forcé. « Le procès est important, car il montre l’ampleur des crimes perpétrés par le régime communiste dans les années 50 », estiment les historiens. Pour l’instant, le procès ne suscite pas beaucoup d’intérêt dans le pays, alors que la moitié des Roumains affirment regretter l’époque communiste.