Le Royaume-Uni s'inquiète du nombre croissant de candidats au jihad

Après l’assassinat en Syrie de l'otage britannique Alan Henning, le Premier ministre David Cameron a demandé à l’armée et aux services de renseignements de tout faire pour traquer « Jihadi John ». Ce ressortissant britannique est le bourreau des quatre otages décapités par l’organisation de l'Etat islamique. Au-delà, le Royaume-Uni s'inquiète du nombre croissant de candidats britanniques au jihad.

De notre correspondante à Londres

Les autorités pensent qu’il y a environ 500 combattants britanniques engagés en Syrie ou en Irak, dont une soixantaine de jeunes femmes, parfois des adolescentes qu’on a surnommées « jihadi brides », les mariées jihadistes, parties au Moyen-Orient pour devenir les épouses de combattants islamistes. Mais ces chiffres sont très approximatifs et en constante évolution, car certains cherchent aussi à revenir en Grande-Bretagne. Parmi eux, certains se disent déçus par leur combat et se disent prêts à être « déradicalisés » et placés sous surveillance à condition d’échapper à la prison. Mais parmi ces candidats au retour, il en est dont les motivations ne sont pas aussi claires et qui pourraient vouloir commettre des attentats sur le sol britannique.

Confiscation des passeports des apprentis jihadistes

Le Royaume-Uni a pris plusieurs mesures pour faire face à cette menace venue de l’intérieur.

Début septembre, David Cameron a annoncé qu’il envisageait une loi permettant à la police de confisquer les passeports de jihadistes présumés à la frontière. Jusqu'ici, seuls les citoyens disposant d'une double nationalité pouvaient voir leur passeport annulé par le Royaume-Uni. Quant aux jihadistes présumés encore présents au Royaume-Uni, ils devraient, eux, obligatoirement suivre un programme de « déradicalisation ».

Les compagnies aériennes seraient, de leur côté, contraintes de fournir plus d'informations aux forces de l'ordre sur leurs passagers se rendant ou revenant de zones de conflit. Et puis, la semaine dernière, la ministre de l’Intérieur Theresa May a annoncé que s’il était réélu en mai prochain, le parti conservateur mettrait en place une batterie de mesures interdisant aux extrémistes de tout poil de s’exprimer en public, que ce soit lors de meetings ou sur internet et les réseaux sociaux.

Ces mesures sont-elles réalistes ?

Ces mesures sont extrêmement restrictives. C’est tout le problème et certains députés et organisations des droits de l’homme mettent carrément en doute leur légalité. Le fait notamment d’interdire aux citoyens britanniques le retour au pays reviendrait à en faire des apatrides et serait contraire aux conventions internationales.

D’autres personnalités, au nombre desquelles un ancien responsable du contre-terrorisme au sein du MI6, pensent au contraire qu’il faut encourager le retour de ces combattants pour mieux comprendre le processus de radicalisation de ces individus et ainsi mieux lutter contre la propagande islamiste.

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