Ukraine: le «statut spécial» pour l'Est critiqué de toutes parts

Le Parlement ukrainien a voté, mardi 16 septembre, une loi qui accorde une large autonomie aux régions de l'est du pays contrôlées par les séparatistes. Avec ces concessions, le président ukrainien Petro Porochenko espère arracher la paix, alors que les rebelles ont mis en déroute l'armée ukrainienne et regagné du terrain ces dernières semaines.

Avec notre envoyé spéciale à Donetsk, Laurent Geslin

Le texte accorde un « statut spécial » pour trois ans aux régions contrôlées par les rebelles, ce qui revient de fait à leur accorder une large autonomie et leur donne la possibilité d'entretenir des relations particulières avec la Russie voisine.

Des élections dans le Donbass pourraient être organisées le 7 décembre prochain pour confirmer, par les urnes, le nouveau pouvoir dans l'est de l'Ukraine. Le gouvernement ukrainien accorde aussi l'amnistie aux citoyens ukrainiens ayant pris les armes et participé aux institutions des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, à condition qu'ils n'aient pas commis de crimes graves. Pressé par les Occidentaux de trouver une issue rapide à la crise, le président ukrainien Petro Porochenko propose donc de très larges compromis aux rebelles.

Les réactions ne se sont pas faites attendre dans les medias, sur les réseaux sociaux, dans la rue. Le gouverneur de la région de Donetsk en exil, l'oligarque Sergeï Taruta, a déclaré que les gens du Donbass vont « se sentir violés » par ces concessions.

Dur aussi d’avaler ces mesures pour les volontaires qui ont pris les armes pour se battre contre les séparatistes. « Cette loi n'est pas différente de la plupart des lois soviétiques. Cette loi est criminelle, nous ne la reconnaissons pas. Elle ne défend ni la souveraineté, ni l'Etat », déclarait hier un combattant du bataillon Azov positionné autour du grand port de Marioupol.

Du côté des séparatistes, certains refusent catégoriquement une toute autre option que l’indépendance totale du Donbass. D’autres estiment au contraire que ces propositions sont intéressantes. Reste à voir maintenant si ces propositions vont suffire à arrêter les combats, qui se poursuivent autour de l'aéroport de Donetsk notamment.


 ■ Ukraine : pourquoi se battre ?

Le Parlement ukrainien a aussi voté, le 16 septembre, une loi sur l'amnistie pour les participants aux événements dans l'est de l'Ukraine. Aujourd'hui, l'impatience gronde à l'arrière du front, le soutien aux dirigeants militaires diminue et le vivier de nouvelles recrues se tarit. Même à Lviv, pourtant foyer du patriotisme ukrainien, les jeunes hommes cherchent des moyens d'éviter la mobilisation.

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