Manifestation des ONG pour conserver la liberté d'expression à Budapest

C’est la 2ème manifestation en moins d’une semaine. A l’appel de plusieurs associations, des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Budapest samedi pour protester contre les attaques des autorités contre la société civile. Depuis plusieurs mois le gouvernement nationaliste et populiste de Viktor Orban harcèle des ONG financées par un Fonds norvégien pour la société civile. Le gouvernement voudrait contrôler l'aide financière versée aux ONG soit environ 13 millions d’euros et voit ces associations comme le vivier de l’opposition de gauche.

« Touche pas à la société civile ! » : c’était le slogan des manifestants choqués par les perquisitions menées dans leurs locaux, rapporte notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère. Une douzaine d’ONG, comme l’association des lesbiennes ou l’association pour les femmes victimes de violences, ont vu tous leurs dossiers confisqués. « Une organisation qui défend les femmes battues possède les données personnelles de ces femmes, explique Márton Gulyás, de la compagnie théâtrale Le cercle de craie. Or ce sont des données très sensibles. La police n’a pas le droit de les utiliser dans une enquête qui n’a rien à voir avec ça. C’est absolument scandaleux et inacceptable ».

Parmi ces ONG, certaines défendent les droits de l’homme et dénoncent l’autoritarisme du pouvoir. Insupportable pour le Premier ministre Viktor Orbán, qui a qualifié ces ONG d’agents de l’ennemi. Lundi dernier la police a perquisitionné les bureaux de plusieurs ONG officiellement accusées de détournement de fonds. Certaines ONG sont financées par la Norvège. Le pays n’est pas membre de l’Union européenne mais elle soutient des projets sociaux, éducatifs et culturels dans 16 pays européens dont la Hongrie. Elle soutient par exemple des défenseurs de la démocratie comme l’organisation de lutte contre la corruption Transparency International Hongrie.

La démocratie en danger ?

Pour Ádám Bethlenfalvy, un enseignant de 37 ans, la démocratie est en danger : « On est vraiment à la frontière de la démocratie. Je pense pas qu’on va perdre nos droits fondamentaux mais il faut qu’on teste la démocratie. Il faut qu’on continue à descendre dans la rue pour voir si on a encore le droit de s’exprimer ».

Diana Szántó, directrice d’une association, est plus optimiste : « Je me sens forte aujourd'hui. Je me sens forte quand je regarde cette foule, je vois plein de visages qui veulent représenter une défense de la démocratie et de la liberté ».

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