Poussée de fièvre et guerre de communiqués à la frontière russe

Les combats se poursuivent à Donetsk et Lougansk, alors que l’armée ukrainienne annonce avoir détruit des blindés russes non loin de la frontière. Une information démentie par Moscou, qui attend toujours de pouvoir faire entrer son convoi humanitaire en Ukraine. Une réunion des ministres des Affaires étrangères russe et ukrainien doit se tenir dimanche à Berlin, en présence de Frank-Walter Steinmeier et de Laurent Fabius.

La position du convoi n’évolue plus depuis des heures. Il stationne toujours dans la localité de Kamensk-Chakhtinski. Il était impossible de parler à des responsables du convoi ce samedi matin, rapporte notre envoyé spécial à la frontière, Etienne Bouche, et l’inspection n’a toujours pas eu lieu. Les garde-frontières ukrainiens attendent apparemment des documents de la Croix-rouge. Une déclaration du ministère russe des Situations d’urgence leur a été envoyée : elle concerne le contenu du chargement.

Au poste frontière de Donetsk, on croise des Ukrainiennes venues acheter des produits alimentaires pour leurs familles. Depuis plusieurs jours, une dizaine de femmes dorment dans un autobus à proximité. Elles attendent de pourvoir repartir chez elles, en Ukraine, et parlent sans réserve de « génocide ». Selon elles, l’interdiction du convoi confirme une chose : le président Porochenko a déclaré la guerre aux Ukrainiens de l’Est.

Qu’en est-il des blindés détruits ?

Ce sont des journalistes britanniques présents du côté russe de la frontière qui ont donné l'alerte. Vingt-trois véhicules blindés de transport de troupes appartenant à la Russie, appuyés par des véhicules logistiques, ont traversé la frontière jeudi soir près du poste-frontière de Donetsk selon un journaliste du Daily Telegraph présent sur les lieux.

Le président ukrainien Petro Porochenko a affirmé par la suite qu'une grande partie de ce matériel a été détruite. L'Otan a confirmé l'incursion de blindés russes. Son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen a déclaré que l'entrée de forces armées russes démontrait « l'implication de la Russie dans la déstabilisation de l'Ukraine ». Le chef de la mission d'observation de l'OSCE dans la région, Paul Picard, a lui assuré qu'« aucun camion ou véhicule blindé » n'avait été vu aux postes de contrôle de la frontière de Goukovo et de Donetsk sur lesquels l'OSCE est présente.

Questions sans réponse

Moscou a démenti une telle incursion de véhicules blindés en Ukraine et accusé Kiev de « détruire des fantômes » et de jeter de l'huile sur le feu pour faire échouer l'entrée du convoi humanitaire russe dans l'est de l'Ukraine.

Des questions demeurent sans réponse: si les forces ukrainiennes ont vraiment détruit des véhicules russes, aucun document photograhique n'est encore venu étayé cette affirmation. De même, il est impossible de dire de quels types d'engins il s'agissait, ni d'où ils venaient exactement, ni s'ils étaient conduits par des militaires russes ou bien par des séparatistes pro-russes.

Rencontre à Berlin

Alors que les combats se poursuivent à Donetsk et Lougansk dont l'armée ukrainienne tente de reprendre le contrôle, on annonce une rencontre des ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, et ukrainien, Pavlo Klimkine, à Berlin, à l'invitation du chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, et en présence de son homologue français Laurent Fabius.

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