Turquie: l'AKP dans la tourmente après l'élection d'Erdogan

C’est la crise à la tête du Parti justice et développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan depuis que celui-ci a été élu président de la République, dimanche. Au pouvoir depuis 12 ans, l’AKP a des difficultés à organiser sa succession au poste de Premier ministre et à la tête du parti, dont le congrès extraordinaire est prévu à la fin du mois.

Avec notre correspondant à Istanbul,Jérôme Bastion

C’est un peu l’histoire d’un Premier ministre qui veut devenir président et d’un président qui veut devenir Premier ministre, sans arriver à s’entendre à la façon du duo Poutine-Medvedev. En fait, Recep Tayyip Erdogan n’arrive pas à organiser sa succession car il voudrait garder la haute main sur le parti et le gouvernement, et aurait bien donné le poste à l’actuel chef de l’État Abdullah Gül, mais celui-ci a décliné, refusant de devenir la marionnette de l’ambitieux Erdogan.

En revanche, Abdullah Gül a créé la surprise en annonçant hier, lundi, son intention de réintégrer l'AKP dès qu’il aurait quitté ses actuelles fonctions. Panique dans le camp Erdogan, qui s’est empressé de convoquer le congrès extraordinaire du parti la veille de la fin du mandat du président sortant, de sorte qu’il ne puisse y participer. Le divorce semble donc consommé entre les deux amis de 30 ans. Et Erdogan craint la concurrence de son ancien complice alors qu’il n’a pas encore réussi à installer son pouvoir et sa succession. Son projet de présidence forte, avec modification des prérogatives attachées à la magistrature suprême, semble lointain.

Beaucoup estiment même que le nouveau président se retrouve en position de violer la Constitution pour ne pas avoir démissionné immédiatement de ses autres fonctions. Avant même d’être intronisé donc, voilà Recep Tayyip Erdogan confronté à de sérieux ennuis dans son propre camp.

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