Avec nos envoyés spéciaux à Kiev, Boris Vichith et Anastasia Becchio
« Des allégations sales et sans fondement » : voilà comment le vice-Premier ministre ukrainien Volodomyr Groysman a accueilli les nouvelles accusations venues de Moscou. « De telles déclarations, qui sont faites quatre jours après la catastrophe, témoignent une nouvelle fois du fait que la partie qui est directement impliquée dans cet acte terroriste fait tout pour tenter de cacher les traces [de son implication] », estime Volodomyr Groysman.
Le vice-Premier ministre ukrainien réagissait, ce faisant, à la dernière sortie russe concernant le crash du Boeing MH17. Le ministère russe de la Défense a en effet exhibé des documents destinés à démontrer qu’un SU-25 ukrainien se trouvait à une distance de trois à cinq kilomètres du Boeing au moment de la catastrophe. De soi-disant preuves, qu’Andrii Lyssenko, le porte-parole du Conseil national de sécurité ukrainien, balaie d’un revers la main : « Toutes les photos et les documents que la Russie brandira seront bien sûr étudiés. Mais il existe des documents prouvant que le missile qui a abattu l’avion a été lancé par des terroristes qui avaient reçu des armes et des spécialistes venus de Russie. »
De son côté, le Premier ministre Arseni Iatseniouk a affirmé que les services spéciaux ukrainiens avaient des preuves montrant que les systèmes de missiles Buk incriminés étaient repartis en Russie après le crash.
■ Les dirigeants européens haussent le ton vis-à-vis de la Russie
Alors qu’un Conseil des affaires étrangères se tient à Bruxelles ce 22 juillet, les dirigeants européens menacent la Russie de nouvelles sanctions. Le message d’apaisement de Vladimir Poutine n’a pas calmé tous les esprits. Le président français, la chancelière allemande et le Premier ministre britannique lui ont demandé de concert d’obtenir des séparatistes pro-russes un accès « libre et total » à la zone du crash pour mener à bien l'enquête internationale.
Une demande assortie d’une menace : « Si la Russie ne prend pas immédiatement les mesures nécessaires, les conséquences en seront tirées par l'Union européenne à l'occasion du Conseil des affaires étrangères ». La chef de la diplomatie italienne dit s'attendre à une réponse ferme et unie des Européens : « L'Italie veut en être », a déclaré celle qui passe pour une pro-Russe aux yeux de ses collègues d'Europe de l'Est. Lors du Conseil, les ministres des Affaires étrangères de l’UE auront donc un agenda chargé, et une lourde responsabilité : décider de nouvelles sanctions contre la Russie.