C’est sur la première chaine de la télévision publique, la plus regardée, qu’une femme se présentant comme une réfugiée de Sloviansk a expliqué comment un enfant de trois ans avait été crucifié en place publique par les forces ukrainiennes. Un récit sans aucun fondement.
Le ministère ukrainien de l’Intérieur dénonce un mensonge grossier. L’opposant russe Alexei Navalny, pourtant très nationaliste, estime qu’un tel mensonge mérite des poursuites judiciaires. Plusieurs journalistes russes sont outrés.
La télévision russe a l’habitude de déformer la réalité. Récemment, une photo d’un char prise pendant le conflit en Géorgie était censée illustrer le sacrifice d’un séparatiste se jetant sous le tank pour protéger la population. Des cadrages judicieux montrent des victimes civiles quand il s’agit de combattants.
Un site Internet existe d’ailleurs, où sont recensés tous ces reportages volontairement mensongers. À cela il faut ajouter les images choc, diffusées en boucle, accompagnées de musique destinées à frapper les esprits.
Et ça fonctionne. Les Ukrainiens de l’Est ont peur et la haine se développe contre le reste de l’Ukraine. Les Russes aussi ont peur et se rassemblent contre l’ennemi extérieur autour de son armée. Peu importe que l’image de la Russie à l’étranger pâtisse de ces excès. Cette propagande est à destination de l'opinion publique intérieure.
Manipulations de la part des insurgés
Selon Vsevolod Filimonenko, journaliste ukrainien joint par RFI à Lougansk, les rebelles pro-russes multiplieraient les manipulations. Ils mèneraient des attaques contre des installations civiles avant d'accuser les forces loyalistes.
« Ils installent leurs camions lance-roquettes Grad près des hôpitaux ou des écoles, explique-t-il. De là, ils tirent en direction des positions de la Garde nationale, qui se trouvent à l'extérieur de la ville. Puis ils attendent que l'armée réplique. » Il pousse même plus loin ses accusations en affirmant que, lorsque les militaires ne tirent pas, les rebelles ouvrent eux-mêmes le feu sur les quartiers.
Les journalistes russes se rendent ensuite sur place pour témoigner d'un énième massacre à attribuer aux militaires ukrainiens. « La même situation se répète du matin au soir dans la ville », déplore Vsevolod Filimonenko.