Vladimir Poutine et Petro Porochenko sont bien présents tous les deux aux cérémonies. En invitant les dirigeants russes et ukrainiens, le président français François Hollande a voulu faire un geste en faveur du dialogue et de la paix :
« Il y aura une photo où l’ensemble des chefs d’état et de gouvernement seront unis, et d’une certaine façon cette photo les engage ».
Derrière cette photo, derrière les images de ces commémorations, il y a un conflit qui perdure dans l’est de l’Ukraine et une propagande qui bat son plein. Kiev accuse Moscou de déstabiliser l’est de l’Ukraine et Moscou dénonce la menace fasciste que représente le gouvernement de Kiev. Mais l’Ukraine a tout autant que la Russie sa place dans les cérémonies qui symbolisent la libération des pays occupés par l’Allemagne nazie comme l’explique Galia Ackerman, une spécialiste de la Russie :
« La Russie est bonne, tout ce qu’elle fait est bien parce qu’elle a vaincu le mal absolu du XXe siècle : le fascisme. Mais tous les peuples de l’Union soviétique ont participé à cette guerre. Le tribut le plus lourd a été payé par la Biélorussie qui a perdu un quart de sa population et l’Ukraine a perdu 18% de sa population, c'est dire si l’apport de l’Ukraine a été essentiel pour la victoire commune. Et la présence de Petro Porochenko sur les plages du débarquement rappelle que les Ukrainiens ne sont pas des fascistes mais qu’ils ont combattu les fascistes. C’ est un moyen très puissant de contrer la propagande russe ».
Rencontres organisées et rencontres fortuites
Le président américain Barack Obama n’a pas l’intention de s’entretenir avec Vladimir Poutine mais tout le monde souhaitait que Russes et Ukrainiens entament le dialogue, ce qui semble avoir été le cas. Selon une source dans l’entourage de François Hollande consultée par l’AFP, les deux hommes auraient eu une entrevue ce vendredi, pour la première fois. Un premier contact concret qui permettrait l’ouverture de discussions relatives à un possible cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine entre l’armée et les séparatistes pro-russes.
Un peu plus tôt, Vladimir Poutine se disait prêt à parler avec tous y compris avec Petro Porochenko, le président ukrainien nouvellement élu dont il n’a pourtant pas encore reconnu la légitimité :
« Je considère que monsieur Porochoko a une opportunité unique, il n’a pas encore de sang sur les mains et il a les moyens d’arrêter cette opération de représailles et d’entamer un dialogue avec la population du sud et de l’est de son pays ».
Pendant que le maître du Kremlin tient un discours d’ouverture, les médias russes proches du pouvoir accusent les autorités ukrainiennes de génocide et citent les noms de ceux qu’ils considèrent comme des criminels de guerre y compris celui de Petro Porochenko. Galia Ackerman ajoute : « On l’a déjà proclamé criminel de guerre mais Vladimir Poutine n’exclut pas qu’une solution puisse être trouvée. On verra laquelle ».
La photo des chefs d’Etat et de gouvernement qui auront participé aux commémorations marquera, quoiqu’il arrive, un rapprochement entre Vladimir Poutine et ses collègues européens. Un rapprochement indispensable pour le spécialiste de la Pologne, Bernard Margueritte, qui n’hésite pas en cette journée de commémorations à citer le général de Gaulle : « L’avenir de l’Europe dépend aussi des relations avec la Russie et l’Europe, disait le général de Gaulle, c’est l’Europe de l’Atlantique à l’Oural et les visions du Général finissent tôt ou tard par se réaliser »...