Erdogan serre les boulons en verrouillant les commémorations de Gezi

Plusieurs milliers de personnes ont bravé samedi 31 mai l’interdiction de manifester faite par les autorités à l'occasion du premier anniversaire du soulèvement de la place Taksim et du parc Gezi. Des manifestations verrouillées alors que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan affichait une nouvelle fois sa fermeté face à l'opposition.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Comme il fallait s’y attendre, les autorités ont tout fait pour dissuader les éventuels protestataires de commémorer le début du grand mouvement de contestation de juin 2013 : transports à l’arrêt, barricades de la police et surtout des milliers de policiers en civil, reconnaissables à la matraque dépassant de leur sac à dos, occupant les rues dès tôt ce samedi matin.

Le résultat est que les manifestants étaient relativement peu nombreux à s’approcher de la place Taksim, et ils ont été rapidement et brutalement dispersés, puis rapidement aussi arrêtés dans les rues adjacentes par les policiers en civil – ce qui a permis d’ailleurs de limiter l’usage des canons à eau et des gaz lacrymogènes, et donc les blessures par capsule de gaz, contrairement à ce qui s'était passé lors des rassemblements des derniers mois. Sur la quarantaine de blessés dénombrés à Istanbul, un seul à été touché à la tête et ses blessures ne semble pas graves.

Il y a eu quelque 200 personnes interpellées dont la plupart ont été relâchées dans la soirée. La situation est comparable dans la dizaine d’autres villes du pays, tout de même, qui avaient voulu marquer l’anniversaire de la mobilisation de Gezi.

Fermeté affichée du Premier ministre

Le Premier ministre Reccep Tayip Erdogan s'est exprimé hier à l’occasion d’un discours, l'occasion pour lui d'afficher sa fermeté à deux mois de l'élection présidentielle. « Les manifestants ne sont pas sincères, ils ne cherchent qu’à terroriser la rue » a déclaré le Premier ministre qui avait prévenu que tous ceux qui essaieraient de manifester à Gezi et Taksim seraient arrêtés.

Fidèle à son image de fermeté, le chef du gouvernement a maintenu sa politique de « 0 tolérance » et il n’est pas homme à reculer d'autant que dans deux mois et demi se tient un scrutin présidentiel au suffrage universel capital pour lui. Mais il est permis de se demander s'il pourra longtemps gouverner et peut-être présider le pays ainsi sous la botte de la police. Le mois de juin ne fait que commencer, et les commémorations ne sont certainement pas terminées.

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