Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Comme pour le site Twitter, c’est la Cour constitutionnelle qui a eu le dernier mot; elle avait été saisie début avril par deux professeurs d’université selon qui cette fermeture d’autorité, sans aucune décision de justice, contrevenait au principe inscrit dans la Constitution de liberté d’expression.
Le gouvernement, qui avait saisi la direction des communications fin mars pour bloquer Youtube, estimait lui que la diffusion de conversations de hauts responsables concernant une opération militaire en Syrie menaçait la sécurité de l’Etat. Alors que plusieurs tribunaux locaux avaient déjà rendu, en vain, des arrêts contre le blocage de Youtube, cette décision risque de contrarier une nouvelle fois le Premier ministre Erdogan et son gouvernement, qui n’avaient pas hésité à clamer qu’ils n’avaient aucun respect pour l’avis de la plus haute juridiction du pays, mais qu’ils étaient bien forcés de l’appliquer.
Autrement dit, et tant que la très liberticide loi sur le contrôle d’internet restera en vigueur, la toile turque restera en liberté conditionnelle. Surtout si la contestation au Premier ministre reste ce qu’elle est, et si celui-ci continue de se considérer victime d’un complot, ce qui, d’après ses dernières déclarations, semble toujours être le cas.