C'est paradoxal et c'est le président français François Hollande qui le dit lors de ce dîner informel du Conseil européen, l'humiliation électorale de dimanche dernier peut être sur la scène européenne un levier vers cette réorientation de l'Europe qu'il plaide sans succès depuis deux ans. « Oui, il y a un problème, mais pas seulement pour la France, a dit François Hollande. C'est aussi un problème pour l'Europe. »
L’éternel optimiste qu'est le président veut croire qu'il a cette fois davantage de soutien. D'Angela Merkel notamment : « L'Allemagne n'a jamais voulu être seule, a dit François Hollande. C'est pour ça qu'elle fera tout pour que la France puisse être à la place qui lui revient. » La chanceliere allemande a envoyé un message intéressant, hier, veut croire l'Elysée avec son soutien aux réformes françaises.
« La France ne peut pas vivre avec une dette aussi lourde »
Le président a aussi envoyé un message aux députés frondeurs qui veulent une autre politique : « La France ne peut pas vivre avec une dette aussi lourde, a estimé M. Hollande. Nous devons mener des réformes non pas par rapport à l'euro
mais par rapport à nous-mêmes. »
Reste que la Commission doit rendre lundi son verdict sur le programme d'économie français. Son approbation, c'est sûr, permettrait de desserrer l'étau budgetaire à Paris.
Qui, pour remplacer José Manuel Barroso ?
A la mi-journée hier, mardi 27 mai, les groupes politiques au Parlement européen s'étaient mis d'accord pour que les conservateurs revendiquent le poste de président de la Commission européenne. Les 28 chefs d'Etats et de gouvernements de l'Union ne l'ont pas entendu de cette oreille. Trop tôt pour prendre une décision ont-ils estimé. Il n'y a donc pas eu de tractations ou de blocages (qui auraient pu venir des Suédois, Britanniques ou Hongrois). Les Vingt-Huit ont préféré demander à l'actuel président du Conseil, le Belge Herman Van Rompuy d'entamer les consultations, avec l'idée de voir aussi si le candidat propose un programme qui réponde à leurs attentes sur l'énergie, l'emploi, la croissance, la compétitivité, le changement climatique et la gestion des flux migratoires...
Avec notre bureau de Bruxelles,
Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, va devoir consulter chacun des 28 pays et le Parlement européen pour voir si à chaque fois il trouve une majorité à propos du remplaçant de M. Barroso. La candidature de Jean-Claude Juncker n’est pas écartée, mais le Conseil - c’est-à-dire les Vingt-Huit - réclame, outre sa première place, qu’il trouve une majorité au Parlement, une majorité qui pourrait prendre la forme d’une alliance des conservateurs avec les socialistes.
On ne s’attendait pas à une décision dès cette nuit, mais le Conseil des Vingt-Huit semble avoir mal accepté d’être mis au pied du mur par le Parlement. Xavier Bettel, Premier ministre luxembourgeois : « Institutionnellement ce n’est pas au Parlement de prendre l’initiative. Le Parlement nous a pris un peu de court. Le Parlement nous dit, voilà ça c’est notre candidat. Et normalement il est prévu qu’il doit y avoir des négociations et qu’on doit dégager un candidat et que le Conseil et le Parlement européen se mettent d’accord sur une candidature, ça ne sert à rien d’avoir quelqu’un qui passe au Conseil et qui va se rétamer au Parlement européen, comme quelqu’un où on se dit il va passer au Parlement européen mais le Conseil n’en veut pas ».
Prochaine étape le 26 juin
Herman Von Rompuy, le president actuel du Conseil a pour mandat de s'assurer que Jean-Claude Juncker a bien la majorité des voix au Parlement. Il lui faudra en effet le soutien des socialistes. Soutien qu'il n'obtiendra qu'à la condition de mettre la création d'emplois et la lutte contre l'évasion fiscale (un comble pour l'ancien dirigeant d'un paradis fiscal !) en tête de son agenda.
Prochaine étape, donc, le sommet européen du 26 juin où les Vingt-Huit devront s'entendre sur un nom qui sera soumis début juillet 2014 aux parlementaires européens avec ceux du prochain président du Conseil et du prochain chef de la diplomatie européenne. Mais rien n'est définitivement acquis car plusieurs dirigeants de droite, comme le conservateur Britannique David Cameron, trouvent Jean-Claude Juncker trop fédéraliste et rejettent d'emblée sa nomination.