Conformément au Traité de Lisbonne, les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Huit ne pourront plus se limiter aux tractations internes pour nommer le président de la Commission. Ils devront désormais « tenir compte » du résultat des élections européennes.
Or, le terme « tenir compte » n’est pas très clair. Et les résultats des élections ne sont pas très clairs non plus. Jean-Claude Juncker, Martin Schulz et Guy Verhofstadt, trois des candidats au poste du président de la Commission européenne, ont discuté hier. Le candidat de la droite modérée, Jean-Claude Juncker, revendique la victoire de son camp, et donc le droit d’être nommé à la tête de la Commission, mais les tractations vont se poursuivre car il n’a pas les 376 voix nécessaires pour prétendre au poste. Le candidat des socialistes Martin Schulz répond d'ailleurs que la droite reste, certes, le plus grand groupe parlementaire, mais elle perd une soixantaine de sièges, ce qui rend les ambitions de son candidat démesurées.
La vague eurosceptique a, en effet, touché Jean-Claude Juncker de plein fouet. Martin Schulz a, lui, mieux amorti le choc malgré la déroute des socialistes français et grâce à Matteo Renzi, le jeune président du Conseil italien.
Les trois autres candidats - Guy Verhofstadt pour les libéraux, Ska Keller pour les écologistes et Alexis Tsipras pour la gauche radicale - n’entendent pas rester inactifs. Ceci dit, le Conseil européen compte préserver ses prérogatives. En arguant de l’impasse entre les principaux candidats, il peut proposer un candidat-surprise de compromis.
Lors du dîner informel du président du Conseil européen Herman Van Rompuy et des dirigeants des pays membres, ce soir, pour tirer les leçons du résultat des élections européennes, l’ambiance pourrait tourner au règlement de comptes entre Angela Merkel et les grands perdants comme David Cameron ou François Hollande.
Quant à la désignation du président de la Commission, aucun nom ne devrait être divulgué à l’issue du dîner. Officiellement les dirigeants européens vont parler de la procédure à mettre en place qui pourra durer plusieurs semaines.