380 millions d’électeurs vont non seulement designer leurs représentants au Parlement européen, mais ils vont choisir entre plus ou moins d’Europe et s’ils veulent plus d’Europe ils diront quelle Europe ils veulent. Une Europe plus libérale, ouverte sur le monde ou une Europe plus solidaire, attentive au développement des pays du Sud. Il y a les fédéralistes comme le candidat des centristes à la présidence de la Commission européenne Guy Verhofstadt, qui prônent une plus grande intégration européenne et ceux qui ne veulent pas céder un pouce de leur souveraineté.
Parmi eux, les populistes et les nationalistes, qui ont fait campagne contre l’Union européenne et qui aspirent au retour du chacun pour soi. Ils veulent retrouver le contrôle de leur frontière, quitte à mettre à mal la libre circulation des biens et des personnes. Ils prônent l’abandon de l’euro.
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D’autres privilégient les liens économiques et financiers, mais ne partagent pas l’ambition des pro-européens qui veulent faire de l’Union européenne une puissance politique capable de décider son avenir et de défendre ses intérêts et ses valeurs. Résultat une sortie de crise dans le désordre ou tous ensemble, le repli sur soi ou une intégration qui se poursuit, avec un Parlement qui aura de toute façon plus de pouvoir, et notamment celui de désigner le successeur de José Manuel Barrosso.
L'enjeu de l'abstention : 15,7 % de participation à la mi-journée en France
Le candidat du Parti populaire européen (PPE), le groupe des partis de droite et de centre-droit, est légèrement favori pour lui trouver un successeur à la tête de la Commission européenne. Il s'agit de Jean-Claude Juncker, et les sondages le donnaient gagnant d'une courte tête devant Martin Schulz, le candidat du groupe des socialistes et démocrates. Au delà, l'enjeu de ces élections européennes est le taux de participation. Plus il sera important et plus le candidat à la présidence de la Commission aura de légitimité. Et le Conseil de chefs d'Etat européens aurait alors du mal à imposer un autre candidat. Mais l'abstention à ce scrutin s'annonce cependant assez forte.
En France, notamment, où tous les sondages annoncent que l’abstention devrait atteindre un nouveau record, les premiers chiffres parus à midi, quatre heures après l'ouverture des bureaux de votes laisse entrevoir une petite surprise. Le ministère de l’Intérieur a annoncé que 15,7 % des inscrits se sont déplacés en France, à la mi-journée. C'est presque un point de mieux qu'en 2009, lors du dernier scrutin européen. La participation à midi n'était alors que de 14,8 %.
Un chiffre à la hausse donc, mais qui reste tout de même faible, si l'on compare avec la participation à midi lors des deux tours de l'élection présidentielle de 2012. A midi, 30 % d'inscrits avaient alors voté, avec une moyenne proche de 80 % en fin de journée. On devrait en être loin, ce dimanche soir à 20 heures, quand les derniers bureaux de vote fermeront leurs portes. Reste à voir si le triste record de 2009 sera battu. La participation totale en France était alors de 40,6 %.
Poussée attendue des europhobes
Autre enjeu, tout aussi important, la poussée des europhobes, et notamment de l'extrême droite, qui pourrait former un groupe parlementaire autour du Front national français, crédité de 16 à 20 eurodéputés. 25 sièges issus de 7 pays sont nécessaires pour former un groupe parlementaire et même si aux Pays Bas le parti de Geert Wilders a fait moins bien que prévu, un tel groupe pourrait voir le jour, notamment avec des renforts venus d'Autriche et d'Italie. L'extrême droite serait alors plus audible au sein du Parlement et tentera de peser sur ses décisions.
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