Avec notre envoyée spéciale, Anastasia Becchio
Il est désormais évident qu’une bonne partie des électeurs du Donbass n’ira pas voter dimanche. Pressions, intimidations, attaques des commissions électorales locales, se multiplient. Dans certains lieux, les autorités ne seront tout simplement pas en mesure d’assurer un déroulement normal du scrutin, explique Olexandre Tchernenko, responsable de l’ONG Comité des électeurs.
« La situation est surtout critique dans les villes contrôlées par les séparatistes, à Sloviansk, Kramatorsk... Dans les villes comme Donetsk et Lougansk, les séparatistes entravent les travaux des commissions électorales. Je pense que, dans ces régions, la moitié des bureaux de vote pourrait ne pas ouvrir. »
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Sous le feu des critiques
La loi ukrainienne ne prévoyant aucun seuil de participation, la situation dans l’est, n’aura pas d’influence sur la légalité du scrutin, mais elle ne manquera pas de susciter des critiques qu’Olexandre Tchernenko balaie rapidement.
« C'est sûr, les séparatistes sont à la une de l'actualité et tout le monde pense que toute l'Ukraine est en guerre et qu'il ne peut pas y avoir d'élection. Mais en réalité, il pourrait y avoir des problèmes dans moins de 10% des bureaux de vote. Or, un pays de 35 millions d'électeurs ne peut pas être pris en otage par quelques bandits armés. »
Les régions de Donetsk et Lougansk, en proie aux troubles séparatistes, concentrent 14% des électeurs du pays.
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Kiev accuse Moscou d’être derrière ces opérations de déstabilisation. De son côté, le représentant de l'OSCE aux tables rondes organisées en Ukraine tente de calmer le jeu. Selon Wolfgang Ischinger, la Russie envoie des signaux pour exprimer dans une certaine mesure sa bonne volonté pour accepter l'élection et œuvrer à la désescalade. Moscou annonce depuis plusieurs jours un début de retrait de ses troupes de la zone frontalière, mais maintient toujours ses doutes sur la légitimité de l'organisation de ce scrutin présidentiel anticipé, pour lequel elle n'a pas envoyé d'observateur.