UE: la France et le sud de l’Europe s’enfoncent dans le pessimisme

Moins de deux semaines avant les élections du 25 mai, le moral des Européens n'est pas au beau fixe, loin de là. Les sondages montrent qu'ils n'ont pas confiance dans leur avenir, et qu'ils sont déçus à la fois par leurs gouvernements et par l'Union européenne. Plus de 7 000 adultes européens ont été interrogés par l'Institut américain Pew Research Center, qui a mené ses enquêtes entre mars et avril en France, en Allemagne, en Pologne, en République Tchèque, en Espagne, en Italie, en Grèce, et au Royaume-Uni.

C'est en France que les écarts sont les plus importants entre les opinions exprimées il y a un an et celles d'aujourd'hui, sur les mêmes questions. Le soutien des Français à la construction européenne chute de près d'un tiers, passant de 60% à seulement 41% d'opinions favorables. La tendance est presque générale en Europe. En moyenne, le soutien manifesté à l'égard de la construction européenne passe de 60 à seulement 45%.

Même en Allemagne, le pourcentage des sympathisants de l'Union est en baisse, mais il représente quand même 60% de la population. C'est un pourcentage important et on retrouve le même en Italie, de façon plus surprenante : 59% des Italiens continuent à soutenir l'Union, même s'ils font partie, eux aussi, des déçus.

Les Polonais gardent une opinion stable : 68% d'entre eux croient toujours à la construction européenne, dont ils ont pu tirer des bénéfices. Les Grecs n’ont jamais été aussi bas, puisque seulement 33% font encore confiance à l'Union, alors que les Tchèques, traditionnellement eurosceptiques, soutiennent aujourd'hui davantage la construction européenne. Ils sont 38% dans ce cas, une hausse de 4 points sur un an.

Le manque de résultats contre le chômage expliquerait le pessimisme des Français

Les Français sont donc de plus en plus pessimistes. L'opinion publique exprime désormais les mêmes craintes que celles des pays du sud de l'Europe, l'Espagne, l'Italie, la Grèce... La principale raison est économique : 77% des Français croient que l'intégration économique européenne a rendu les choses plus difficiles pour eux. Une hausse de 14 points depuis un an. Et par conséquent, 58% ont une mauvaise opinion de l'Union européenne. Ils se différencient donc de plus en plus des Allemands, qui ne sont que 43% à penser que l'intégration européenne a affaibli l'économie, alors que seulement 35% d'entre eux ont une mauvaise opinion de l'Union.

L'institut américain Pew Research Center explique le pessimisme des Français par le jugement que portent ces derniers sur le manque de résultats économiques du président François Hollande, notamment en ce qui concerne le chômage. A l'inverse, la politique menée par la chancelière allemande Angela Merkel est jugée favorablement dans son propre pays et dans beaucoup d'autres pays européens, à l'exception notable de la Grèce et de l'Espagne.

Les Européens veulent garder l’euro mais réduire les dépenses

Dans la liste des difficultés majeures perçues par les Européens, il faut rajouter la dette publique, la hausse des prix et l'écart croissant entre les riches et les pauvres. En ce qui concerne ce dernier point, 66% des personnes interrogées dans les huit pays où a été menée l’enquête pensent que les nouvelles générations auront un niveau de vie inférieur à celui de leurs ainés. Et 77% mettent en cause le fait que le système économique actuel favorise les riches. Tandis que 85% constatent que l'écart entre les riches et les pauvres s'est accentué durant les cinq dernières années.

L'une des surprises de ce sondage d'opinion est le large soutien dont dispose l'euro dans les opinions publiques européennes. Deux tiers des personnes interrogées veulent garder la monnaie unique, et pensent donc qu'elle ne représente pas un obstacle économique. En même temps, beaucoup de ceux qui ont répondu à ce sondage considèrent que le gouvernement de leur pays doit réduire les dépenses pour diminuer la dette publique coûte que coûte. Les Français y sont favorables à 81%, suivis, sans surprise, par les Allemands, mais aussi par les Espagnols et les Italiens.

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