Tiré à quatre épingles en complet bleu, Silvio Berlusconi est arrivé ce matin à l’Institut Sacra Famiglia. Il a rapidement regagné le bâtiment San Pietro qui héberge des malades d’Alzheimer pour purger une peine de travaux d'intérêt général, sans dire un mot à l'adresse des journalistes présents, tenus à bonne distance.
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A son arrivée, un syndicaliste déguisé en clown, qui avait réussi à entrer malgré d'importantes mesures de sécurité, l’a contesté aux cris de « Berlusconi en prison ». « Le rêve des travailleurs Italiens est de voir Berlusconi à San Vittore » , la prison de Milan. Cette condamnation a aussi valu à Berlusconi une exclusion du Sénat, une interdiction de vote et son inéligibilité.
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A Cesano Boscone, Silvio Berlusconi devra s’occuper une demi-journée par semaine de personnes déficientes mentalement. Une situation difficile à gérer pour un homme de 77 ans très attaché à son image. Conformément à un ensemble de contraintes liées à sa peine, il lui est aussi interdit de quitter la région de Milan, mais il est toutefois autorisé à se rendre à Rome du mardi matin au jeudi soir.
Berlusconi, un bénévole comme les autres
Interdit de mandat public pour deux ans, l'ex-Cavaliere sera toutefois autorisé à se consacrer à la fin de la campagne de son parti Forza Italia pour les élections européennes. Mais ses adversaires sont convaincus qu'il utilisera ses passages à Cesano Boscone à des fins électorales avant les européennes où sa formation Forza Italia en perte de vitesse, tentera difficilement de se maintenir au-dessus des 20%.
Il y a deux jours, Silvio Berlusconi s'est défendu de vouloir exploiter la situation à son avantage. Il a annoncé « une grande surprise » : « Je pense que j'y resterai plus longtemps que prévu. Il m'a suffi de dix jours pour tout comprendre du système de soins », ajoutant avec son optimisme indécrottable, qu’il saura aider ceux qui en ont besoin et ce sera aussi un enrichissement, pour lui. Selon son grand ami et ex-présentateur vedette de sa chaîne Retequattro, Emilio Fede, « ll fera cela bien, avec humanité ».
La direction du centre a, pour sa part, fait savoir que l'ex-chef du gouvernement italien serait traité à l'instar des autres bénévoles et que son introduction auprès des malades, toujours accompagné d'opérateurs spécialisés, se ferait « graduellement ».
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«Berlusconi, saint très bientôt»
Une nouvelle fois encore, Silvio Berlusconi s'est dépeint comme une victime du système judiciaire italien depuis son entrée en politique en 1994. « Je pense que je serai saint très bientôt pour toutes les choses injustes que j'ai dû subir », a-t-il dit.
L'ex-Cavaliere effectuera ses TIG sous haute surveillance du tribunal de surveillance de Milan qui peut à tout moment révoquer les mesures plutôt clémentes décidées à son endroit, si par exemple il recommençait à critiquer la magistrature.
Outre ses ennuis judiciaires liés à la fraude fiscale, Silvio Berlusconi devra affronter en juin le procès en appel pour sa condamnation en première instance à 7 ans de prison pour le Rubygate où il est accusé de prostitution de mineure et abus de pouvoir. Un autre procès pour corruption de sénateur a débuté ces derniers mois à Naples.
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Ce vendredi, Silvio Berlusconi a quitté le centre spécialisé de Cesano Boscone quatre heures précisément après être entré dans le bâtiment. Visiblement plus décontracté après sa demi-journée d'activité, il a salué avec un grand sourire les journalistes restés sur place mais sans faire aucune déclaration.