Sloviansk: les rebelles dénoncent l'usage de la force face aux civils

L'armée ukrainienne a réussi à prendre plusieurs postes de contrôle tenus par des insurgés pro-russes dans les faubourgs de Sloviansk. Cette nouvelle offensive permet à l’armée ukrainienne de resserrer encore un peu plus l’étau sur Sloviansk. A Donetsk, les militants pro-russes s’insurgent contre l’assaut lancé par l’armée ukrainienne et dénonce l’usage de la force militaire contre des civils.

Avec nos envoyés spéciaux, Bertrand Haeckler et Daniel Vallot

Devant le siège de l’administration régionale, un écran géant diffuse les informations de la télévision russe. La foule qui se presse aux abords de la scène regarde avec anxiété et colère les dernières nouvelles venues de Sloviansk. Pour ces militants pro-russe, c’est le gouvernement ukrainien qui est le seul responsables de cette nouvelle flambée de violence.

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« C’est tellement affreux ! Je suis une femme et moi je peux pleurer... Alors je pleure. se lamente une habitante. « Ce qui s’est passé à Odessa et ce qui se passe en ce moment à Sloviansk... c’est du fascime, vraiment du fascisme ! Vous savez, mon père, c’est un vétéran de la Seconde Guerre mondiale. Il avait 19 ans quand il est allé à la guerre. Alors, comment je pourrais le trahir ? Et laisser les fascistes entrer dans mon pays ? Cela n’arrivera jamais ! »

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A Donetsk, les militants pro-russe sont persuadés que les insurgés de Sloviansk refuseront de se rendre. Devant le siège de l’administration régionale, c'est un va-et-vient incessant de miliciens en armes. Tous en sont convaincus : après Sloviansk, c’est la capitale régionale qui sera bientôt la cible des autorités centrales et c’est à Donetsk qu’il faudra alors se battre, disent-ils, contre l’armée ukrainienne.

Pourquoi l'armée ukrainienne n'entre-t-elle pas dans Sloviansk

Officiellement, l’armée ukrainienne a pour objectif de s’emparer de la ville de Sloviansk. Le ministre ukrainien de l’Intérieur l’a répété dimanche matin. Mais visiblement, les soldats ont reçu pour consigne de ne pas aller au-delà des faubourgs de la ville. Deux explications peuvent être avancées : la première, la plus évidente, est que les autorités ukrainiennes veulent éviter le bain de sang, qui entrainerait aussitôt l’intervention directe de la Russie dans la région. Les combats qui se sont déroulés dans cette zone ont déjà fait, toujours selon le ministre de l'Intérieur, plus de 30 morts chez les rebelles et 4 chez les militaires ukrainiens.

La deuxième, c’est que le commandement militaire ukrainien n’a pas suffisamment confiance dans sa capacité à affronter les insurgés dans un contexte de guérilla urbaine. Dans le camp pro-ukrainien, des voix s’élèvent d’ailleurs à Kiev pour critiquer la lenteur de ces opérations militaires. Ces critiques expliquent sans doute pourquoi, à chaque fois qu’un affrontement violent éclate dans les faubourgs de Sloviansk, les autorités ukrainiennes affirment qu’un assaut décisif a été lancé, alors qu’il en est rien, comme ce fut le cas lundi matin.

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