Les Tatars de Crimée laissent éclater leur mécontentement vis-à-vis de l'unification dès qu’une occasion se présente. Les Tatars sont ainsi venus en force ce samedi 3 mai 2014, à la ligne de démarcation entre la Crimée et l’Ukraine, pour accueillir leur leader historique, Moustafa Djemilev, interdit d’entrée en Crimée depuis la mi-avril.
Cette interdiction, d'une durée de cinq ans, a été signifiée à Moustafa Djemilev sur un simple bout de papier, ne ressemblant en rien à une décision valable légalement. Il ne la reconnaît donc pas. A la ligne de démarcation, il a eu droit à un comité d’accueil impressionnant. « Deux cordons de militaires, des véhicules de transport de troupes, des snipers disposés tout autour, témoigne-t-il. Tout ça parce qu’il s’est avéré qu’environ 2 000 Tatars de Crimée sont venus m’accueillir. »
Une dizaine d’années dans les camps soviétiques
Moustafa Djemilev jouit d’un énorme prestige parmi les Tatars de Crimée et il est ouvertement contre l’annexion de la péninsule par la Russie. Les autorités russes préfèrent le tenir éloigné de la communauté tatare en Crimée. Mais ce n’est pas quelqu’un qui se laisse facilement décourager. Il a passé une dizaine d’années dans les camps soviétiques. Il semble décidé à utiliser tous ses soutiens pour revenir parmi les siens. « Par l’intermédiaire de l’ambassade de Turquie, le président turc et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan m’ont fait savoir qu’ils allaient contacter Poutine dans les prochains jours afin de trouver une solution pacifique à ce problème. »
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La Turquie s’intéresse en effet beaucoup au sort des Tatars de Crimée pour des raisons historiques. Or, la tentative de déportation individuelle de Djemilev leur rappelle de très mauvais souvenirs, ceux de déportations de masse sous Staline.