Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Personne ne doutait des ambitions présidentielles du chef du gouvernement. Recep Tayyip Erdogan ne les cache plus lui-même, puisqu’il a récemment affirmé entendre jouir de toutes les prérogatives de sa future magistrature suprême, y compris réunir et présider le Conseil des ministres. L’ambitieux M. Erdogan, en se plaçant dans une posture à la Poutine, son héros et modèle en politique, a sans doute coupé les ponts avec son ami de 30 voire 40 ans, Abdullah Gül. Un « ami » dont tout le monde attendait d’ailleurs qu’il sorte enfin du bois.
Vers un éclatement de l'AKP ?
« La formule Poutine-Medvedev n’est pas forcément adaptée à la Turquie », a lancé vendredi le chef de l’Etat. « Je n’ai pas d’avenir politique dans les conditions actuelles », a-t-il ajouté. Voilà donc un point tranché. A la question de savoir si messieurs Erdogan et Gül échangeraient leurs places à la manière dont cela s’est déroulé pour le Kremlin, après le premier scrutin présidentiel au suffrage universel direct d’août prochain, la réponse est clairement « non ».
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Reste à savoir ce que fera Abdullah Gül de sa liberté et de son indépendance retrouvées. Il est certain qu'il n’a pas renoncé à la politique et que, donc, en refusant la tutelle d’Erdogan, il devient un concurrent potentiel. Reste à savoir si son divorce avec Erdogan ne risque pas de faire tout simplement exploser l'AKP.