Turquie: Gül refuse le «ticket» avec Erdogan pour la présidentielle

A moins de quatre mois de la présidentielle et après la victoire aux municipales du parti de la Justice et du Développement, il ne fait guère de doute que le poste reviendra au candidat - non déclaré - de l’AKP. Mais ce vendredi, le président Abdullah Gül a exclu un scénario Poutine-Medvedev entrevu pour lui et Erdogan.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Personne ne doutait des ambitions présidentielles du chef du gouvernement. Recep Tayyip Erdogan ne les cache plus lui-même, puisqu’il a récemment affirmé entendre jouir de toutes les prérogatives de sa future magistrature suprême, y compris réunir et présider le Conseil des ministres. L’ambitieux M. Erdogan, en se plaçant dans une posture à la Poutine, son héros et modèle en politique, a sans doute coupé les ponts avec son ami de 30 voire 40 ans, Abdullah Gül. Un « ami » dont tout le monde attendait d’ailleurs qu’il sorte enfin du bois.

Vers un éclatement de l'AKP ?

« La formule Poutine-Medvedev n’est pas forcément adaptée à la Turquie », a lancé vendredi le chef de l’Etat. « Je n’ai pas d’avenir politique dans les conditions actuelles », a-t-il ajouté. Voilà donc un point tranché. A la question de savoir si messieurs Erdogan et Gül échangeraient leurs places à la manière dont cela s’est déroulé pour le Kremlin, après le premier scrutin présidentiel au suffrage universel direct d’août prochain, la réponse est clairement « non ».

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Reste à savoir ce que fera Abdullah Gül de sa liberté et de son indépendance retrouvées. Il est certain qu'il n’a pas renoncé à la politique et que, donc, en refusant la tutelle d’Erdogan, il devient un concurrent potentiel. Reste à savoir si son divorce avec Erdogan ne risque pas de faire tout simplement exploser l'AKP.

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