Ukraine: les eurodéputés proposent l'arrêt du projet South Stream

Une éventuelle suspension par l'Union européenne du projet de gazoduc South Stream, destiné à distribuer du gaz russe à l'Europe en contournant l'Ukraine, ne va pas affecter sa mise en oeuvre, a déclaré ce vendredi le ministre russe de l'Energie Alexander Novak. Pour exercer pression sur la Russie, dans le contexte de la crise en Ukraine, le Parlement européen a adopté jeudi une résolution préconisant l'arrêt de la construction du gazoduc South Stream. La Bulgarie, très dépendante du gaz russe avait vivement protesté en indiquant qu'un projet «stratégique prioritaire» ne devait pas être «sacrifié pour des raisons politiques»

Avec notre correspondant à Bruxelles, Grégoire Lory

Alors que les tensions sont toujours très fortes en Ukraine, les Européens envisagent tous les scénarios possibles pour sanctionner la Russie. Les eurodéputés ont ainsi proposé de suspendre la mise en œuvre du gazoduc South Stream. Ce gazoduc doit assurer à partir de 2015 l’approvisionnement des Européens en contournant l’Ukraine. La moitié des importations européennes en provenance de Russie passe par le territoire ukrainien. Mais les crises énergétiques de 2006 et 2009 entre Moscou et Kiev ont poussé l’Union a trouvé de nouvelles routes du gaz.

Le gazoduc South Stream est l’un des projets majeurs de l’Union européenne pour diversifier ses routes d’approvisionnement en hydrocarbure. L’Europe développe depuis plusieurs années différents plans pour éviter de se retrouver à nouveau dans le costume de la victime collatérale d’une crise énergétique.

Les chiffres résument à eux seuls l’ampleur du projet South Stream. Le gazoduc sera long de 2 400 km, il acheminera le gaz russe vers les pays membres via la mer Noire. Il traversera la Bulgarie, la Hongrie avant de rejoindre l’Autriche. Une fois a plein régime d’ici 2018, South Stream pourra transporter 63 milliards de mètres cube de gaz, soit 15% de la consommation européenne.

L’enjeu énergétique est donc majeur pour l’Union. Mais il est aussi très politique car ce gazoduc est bien souvent l’objet de tensions entre les Vingt-Huit et la Russie. Afin de ne pas dépendre uniquement de l’énergie russe, l’Union a ouvert son « corridor gazier sud-européen » a d’autres projets. Dans les prochaines années, le gazoduc transadriatique livrera ainsi aux Etats membres du gaz en provenance d’Azerbaïdjan.

Cette solution alternative déplaît à la Russie. Mais cette concurrence n’est pas encore effective. La première pierre de ce transadriatique n’est même pas encore posée. South Stream reste donc l’un des points névralgiques de l’approvisionnement européen.

Le consortium South Stream regroupe, outre le géant gazier russe Gazprom, l'Allemand Wintershall, filiale de BASF, l'Italien ENI et le Français EDF.
 

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