Ukraine: Kiev accuse Moscou d'être à l'origine des tueries de Maïdan

Les autorités ukrainiennes accusent les agents du FSB, les services secrets russes, d'être derrière les tueries qui ont ensanglanté le Maïdan fin février, et conduit à la chute du régime pro-russe. Quelque 90 personnes avaient été tuées notamment par des snipers. Une accusation aussitôt démentie par le FSB et par le patron de la diplomatie russe Sergeï Lavrov.

C'est le chef des services de sécurité ukrainiens qui a accusé des agents du FSB, les services secrets russes, d'avoir participé à la répression qui a fait des dizaines de morts, à la mi-février, place Maïdan à Kiev. Valentin Nalivaïtchenko s'exprimait aux côtés du ministre de l'Intérieur ukrainien lors d'une conférence de presse consacrée à l'enquête sur les tirs mortels de Maïdan, au moment de l'opération soi-disant « anti-terroriste » du 18 et 20 février. 

Il s'agissait à ce moment-là de faire partir les manifestants hostiles au régime du président Viktor Ianoukovitch. Ce dernier est d'ailleurs accusé d'avoir donné l'ordre autorisant l'usage des armes contre les manifestants. Les agents du FSB auraient participé à la planification et à la mise en oeuvre de cette opération.

Les snipers qui ont ouvert le feu n'ont pas pu être identifiés avec certitude, ont toutefois reconnu les autorités de Kiev, même si 12 personnes soupçonnées d'avoir été impliquées dans les tueries ont été arrêtées. Il s'agit des membres d'une unité baptisée « Unité noire » et faisant partie des forces spéciales anti-émeutes, les « Berkout », démantelées à la fin du mois de février après la chute du régime Ianoukovitch.

Démenti à Moscou

A Moscou, explique notre correspondant Etienne Bouche, on dément catégoriquement ces accusations, qualifiées de « gratuites ».

En pleine renégociation des tarifs gaziers, les mots de Kiev viennent ajouter encore un peu d’huile sur le feu. Accusé d’avoir provoqué le scénario sanglant sur la place de l’Indépendance, le FSB a répliqué quelques heures plus tard : « que ces déclarations restent sur la conscience des services de sécurité ukrainiens ».

Le ministère russe des Affaires étrangères, lui, a appelé à ne pas avancer de conclusions « hâtives et politisées » dans l’enquête sur les tirs de snipers. « L’enquête doit être professionnelle, impartiale, sans ingérence extérieure et basée sur des faits solides et objectifs ».

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé que ces accusations étaient contredites par « de nombreuses preuves ». Il a notamment évoqué une conversation téléphonique entre la représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, et le chef de la diplomatie estonienne, Urmas Paet. Dans cet échange rendu public il y a un mois, le ministre estonien s’interrogeait sur la possible implication de l’opposition ukrainienne.

Entre Moscou et Kiev, le torchon brûle : une télévision russe a annoncé ce jeudi que les services secrets avaient arrêté 25 Ukrainiens soupçonnés d’avoir voulu commettre des attentats dans plusieurs régions de Russie.

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