La Crimée perdue, l’Ukraine veut défendre le reste de son territoire

Pendant que les Occidentaux discutent aux Pays-Bas, la Russie, elle, poursuit ses opérations en Crimée. Ses troupes occupent désormais l'essentiel des bases militaires sur place et l'Ukraine, par mesure de précaution, a décidé de retirer ses soldats. Mais un autre processus est en cours, une campagne de recrutement de la Garde nationale pour faire face à une éventuelle intervention des troupes russes sur le sol ukrainien.

Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Murielle Pomponne

Jusqu'où vont aller les Russes ? Que veut Poutine ? L'inquiétude est en tout palpable à Kiev. La mobilisation a donc commencé depuis environ une semaine. Sur les boulevards, de grandes affiches bleues et jaunes avec le trident symbole de l'Ukraine interpellent le passant : « Ami, as-tu répondu à l'appel de la Garde nationale ? » Suit le numéro de téléphone à composer pour entrer en contact avec le ministère de la Défense. Les jeunes gens sont fortement incités à répondre à cet appel et à participer aux journées de formation.

Sur l'avenue Kreshiatik, toujours fermée par des barricades, des affiches, plus informelles celles-là, invitent aussi les passants à participer aux groupes d'autodéfense. L'affiche peinte à la main représente un manifestant avec un casque improvisé et un bouclier fait d'une planche de bois. Sur le Maïdan, la place de l’Indépendance, on croise encore de nombreuses personnes en treillis, des paramilitaires. Certains contrôlent l'entrée de bâtiments comme la mairie, ou certains hôtels.

Mais dès que l'on s'éloigne du Maïdan, Kiev a repris son activité habituelle, avec en même temps, chez beaucoup d'Ukrainiens, cette inquiétude du lendemain, ce sentiment que l'Europe est absente, et que la Russie, hier amie, s'est transformée en ennemi imprévisible.

Sergueï Choïgou en Crimée

L'Ukraine a décidé de retirer ses troupes de Crimée où l'essentiel de ses bases est tombé en trois semaines d'occupation sous le contrôle de la Russie. Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a d'ailleurs été le premier responsable du gouvernement russe à se rendre en Crimée.

Il n'a même pas attendu que tous les militaires ukrainiens aient quitté la péninsule pour s'y rendre, et visiter les installations militaires russes. A cette occasion, il a nommé commandant en second de la flotte russe de la mer noire, le contre-amiral Berezovski, celui-là même qui avait prêté allégeance à la Russie, le 2 mars dernier, alors qu'il venait d'être nommé à la tête de la marine ukrainienne à Sébastopol. Désormais, a déclaré Choïgu, les militaires ukrainiens de Crimée doivent choisir : soit ils entrent dans l'armée russe, soit ils quittent la Crimée.

D'après l'état-major ukrainien, environ la moitié du personnel militaire de Crimée aurait choisi de servir la Russie. Le retrait des autres militaires ukrainiens est en cours et devrait s'achever rapidement


 ■ ANALYSE : « Tout cela peut créer une étincelle »

La Maison Blanche est très inquiète des risques d’escalade en Ukraine, risques provoqués par la présence de troupes russes à la frontière. Le département américain de la Défense estime que le nombre de soldats russes envoyés sur les frontières sud et est de l’Ukraine ne fait que croître, malgré les dénégations de Moscou, et la promesse de ne pas envahir son voisin. Une inquiétude relayée par Michael McFaul, ambassadeur des Etats-Unis en Russie jusqu’au mois de février dernier. Ce spécialiste de la Russie estime que le contexte est volatile, et c’est ce qui peut provoquer une réaction agressive d’un Vladimir Poutine imprévisible.

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