La journée a été très tendue en Crimée. Des miliciens « pro-russes » ont investi ce matin le quartier général de la marine ukrainienne dans le port de Sébastopol, sans rencontrer la moindre résistance. Les assaillants auraient forcé l'entrée de la base en mêlant leurs soldats à des civils, empêchant les militaires ukrainiens de riposter, rapporte notre correspondant à Kiev Laurent Geslin. Dans l'après-midi, c'est une autre base, dans l'ouest de la péninsule, qui tombait à son tour.
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Ces opérations interviennent alors que l'Ukraine est en train de préparer un plan d’évacuation de ses militaires de Crimée, selon Andriï Paroubiï, le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense. Cette retraite devrait certainement permettre de faire baisser la tension en Crimée, mais Kiev perdra du même coup les maigres moyens de pression qui lui restent encore dans la péninsule.
Au niveau diplomatique, l'Ukraine va introduire un régime de visa pour les citoyens russes souhaitant entrer sur le territoire national. En plus d’être symbolique, cette décision aura des effets très concrets sur les échanges de toutes sortes entre les deux pays. Se pose bien sûr la question d'une éventuelle riposte de la Russie. Si celle-ci décidait également d'imposer un système de visa aux Ukrainiens, cela aurait des conséquences pour des centaines de milliers d’entre eux qui travaillent en Russie ou qui ont de la famille installée de l'autre côté de la frontière.
« Grave menace » pour la stabilité de l'Europe
L'Ukraine a par ailleurs décidé ce mercredi de sortir de la CEI, la Communauté des États indépendants réunissant onze ex-républiques soviétiques. Le pays devrait aussi prochainement introduire un régime des visas avec la Russie. Selon le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, qui s'est exprimé à la télévision ukrainienne mardi - en russe, certainement pour rassurer les populations de l'est du pays -, l'intégration de l'Ukraine à l'Otan ne serait cependant pas à l'ordre du jour.
Dans un discours prononcé à Washington, le secrétaire général de l'alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, a pourtant déclaré que le rattachement de la Crimée à la Russie est la menace la « plus grave » pour la stabilité de l’Europe depuis la Guerre froide. « C’est une piqûre de rappel pour la communauté euro-atlantique, pour l’Otan, et pour tous ceux qui s’engagent pour une Europe unie, libre, et en paix. Nous savons que nous ne pouvons pas tenir notre sécurité pour acquise. Nous avons eu d’autres crises en Europe au cours des décennies, les Balkans dans les années 90, la Géorgie en 2008. Mais ceci est la plus grave menace pour la sécurité et la stabilité de l’Europe depuis la fin de la guerre froide », a-t-il déclaré lors d’une conférence de l’Institut de recherche Brookings, à Washington.