Parmi les 26 personnes qui comparaîtront le 12 juin prochain devant la cour d'assises, on compte notamment le secrétaire général de la chambre des architectes, Mucella Yapici, et le secrétaire général de la chambre des médecins d'Istanbul, Ali Cerkezoglu. La justice turque accuse ces membres du collectif de solidarité d'avoir été les instigateurs du mouvement anti-Erdogan de l'été dernier, d'avoir créé une « organisation criminelle », d'avoir enfrint les lois sur les manifestations et d'avoir résisté à la police. Ils encourent jusqu'à 29 ans de prison.
« La situation est totalement absurde aujourd’hui en Turquie, déplore le politologue Ali Kazancigil. Erdogan se comporte d’une manière totalement irresponsable. Il est désespéré parce qu’il voit bien que son plan de devenir le président tout puissant de la Turquie a échoué. Donc, il essaie de se maintenir au pouvoir et il est en train, aussi, de détricoter l’état de droit. »
Un risque d'escalade de la violence
Pour le chercheur, la justice est complètement soumise à exécutif. Il remarque de plus que la présence de personnalités de premier rang, des professionnels connus, dans les rangs des accusés, risque de se retourner contre le Premier ministre Erdogan. « Il essaie de faire croire à son électorat que tous ces manifestants de Gezi – qui ont été pacifiques – sont des espèces de terroristes ! », s'indigne le chercheur.
Toujours selon Ali Kazancigil, Recep Tayyip Erdogan mobilise les forces de sécurité dès qu’il y a un rassemblement de gens pacifiques, entrainant bastonnades et jets de gaz lacrymogènes. « S’il continue comme ça, il peut y avoir de plus en plus de violences en Turquie. Ça c’est sûr ! », conclut le chercheur.