Le contrat des navires de type Mistral pour la Russie est emblématique de la coopération franco-russe en matière de défense, mais a toujours fait couler beaucoup d'encre, notamment lors de sa signature en 2011. La guerre en Géorgie se terminait, et la France avait accepté de vendre à la Russie deux navires de débarquement qui, précisément, auraient pu être utilisés dans ce type du conflit.
Le contrat est estimé à 1 milliards 200 millions d'euros, pour la livraison dans un premier temps de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC). Le design est signé DCNS, et la construction est assurée par les chantiers de Saint Nazaire chez STX. A l'origine, les Russes comptaient mettre en service le premier de ces bateaux pour assurer la protection des Jeux olympiques de Sotchi. Au final, le premier BPC destiné à la marine russe, le Vladivostok vient juste de débuter ses essais en mer en France, et n'a pas encore été livré. Le deuxième est en cours d'assemblage et doit être livré en 2015. Deux autres bateaux devaient ensuite être construits en Russie par les chantiers OSK.
Des conséquences considérables
Si le contrat est annulé, les conséquences en terme d'emplois seront considérables. Le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine a d'ailleurs estimé que la France nuirait à sa réputation de partenaire « fiable » si elle décidait de renoncer à cette vente. Le contrat des deux BPC pour la Russie représente environ 2 millions d'heures de travail pour STX. On sait que les chantiers de Saint-Nazaire sont déjà en difficulté. Et le deuxième BPC représente encore de l'activité pour quelques mois. Quant à l'éventuel manque à gagner lié à une éventuelle annulation, ce contrat à fait l'objet d'une garantie Coface (Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur), qui met le constructeur à l'abri d'un défaut de paiement du client en cas de résiliation arbitraire, embargo, guerre, ou révolte. Un cas comparable a eu lieu en 1990, lorsque la France se conformant à un embargo international sur les ventes d'armes à l'Irak avait annulé la livraison de quelques Mirages F1EQ. L'organisme Coface avait alors dédommagé le constructeur. Mais que faire du bateau déja construit ? Le revendre ? Il faudra encore trouver un client, l'intégrer à la marine nationale, qui se retrouverait alors avec un BPC supplémentaire coûteux et pas vraiment utile.