Bataille de mots autour du référendum en Crimée

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé dans un entretien avec le secrétaire général de l’ONU, que le référendum organisé dimanche en Crimée était conforme au droit international et à la charte des Nations unies. Un argument fragile.

Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour

En citant la charte de l’ONU et le droit à l’autodétermination des peuples, Vladimir Poutine répond directement au Premier ministre ukrainien, qui a brandi cette même charte devant le Conseil de sécurité pour défendre la souveraineté de l’Ukraine.

Moscou compare la Crimée au Kosovo, mais cette comparaison est fragile. La Cour internationale de justice a reconnu des conditions à l’autodétermination, tous les recours doivent avoir été épuisés et le territoire doit être disputé. Or, la Crimée n’a jamais été réclamée par la Russie, ni ne fait l’objet de négociations.

Contrainte militaire

Surtout la présence de soldats russes en Crimée fait peser une contrainte militaire sur le référendum qui ne peut pas être reconnu totalement libre et indépendant. Le droit international est toujours sujet à interprétation, mais la Russie aura du mal à expliquer vouloir pour la Crimée, ce qu'elle a toujours refusé pour le Kosovo indépendant. Un Etat toujours non reconnu par Moscou.


 ■ VU DES ETATS-UNIS : la Russie à nouveau perçue comme une menace

Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio

Pour 70% des Américains, la Russie est à nouveau considérée comme une menace pour les Etats-Unis, ils étaient à peine 40% dans cet état d’esprit voilà un an.

Deux sondages réalisés sur l’ensemble du pays ont été rendus publics, et les résultats sont similaires : que ce soit dans une étude réalisée pour le Wall Street Journal, ou un sondage commandé par la chaine CNN, la Russie rejoint la Corée du Nord et l’Iran dans le tiercé des pays les plus inamicaux envers les Etats-Unis.

Nouvelle guerre froide

La détente qui a suivi la chute du mur de Berlin est oubliée, et la crainte dans l’opinion publique américaine est montée en quelques semaines, effaçant des années de progrès : Vladimir Poutine perd tout son crédit auprès des Américains, qui le considèrent pour plus des deux tiers, comme un ennemi. D’après ces études, en effet, le président russe viole le droit international et les personnes interrogées sont persuadées que la tension en Crimée va entraîner une nouvelle guerre froide entre Washington et Moscou.

La préoccupation semble réelle, 89% des Américains qui ont répondu aux questionnaires affirment suivre au jour le jour les développements de la crise ukrainienne.

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