Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Il y avait plusieurs mois qu’Istanbul n’avait pas connu une telle mobilisation, bien que les scandales éclaboussant le gouvernement suscitent de régulières manifestations, mais d’importance très limitée.
Les femmes, elles, étaient venues par milliers, probablement près de 10 000, et ce malgré une pluie glaciale et un vent à retourner les parapluies. Après avoir tenté de pénétrer dans le parc Gezi, bouclé par la police, elles ont remonté la grande avenue piétonne Istiklal avant d’être arrêtées par un cordon de forces anti-émeutes juste avant la place Taksim, toujours aussi hermétiquement fermée.
Les manifestantes, alternant les slogans féministes et les attaques contre le gouvernement, étaient si nombreuses que la police a dû tirer quelques salves de gaz lacrymogènes pour se dégager.
Cette poussée de tension n’a finalement duré qu’un petit quart d’heure, et les héroïnes du jour se sont dispersées après avoir repeint en mauve les boucliers des policiers qui leur barraient le passage.
Comme dans le reste du pays, où tous les rassemblements féministes se sont terminés sans incident notable, l’affrontement a été presque miraculeusement évité, les forces de sécurité ayant visiblement pour consigne de prévenir tout dérapage.