Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio
Signe de l’extrême tension qui règne en Crimée, le président par intérim a fait une déclaration télévisée ce vendredi soir. Olexandre Tourtchinov dénonce une provocation et une agression non dissimulée de la part de Moscou. Il demande au président russe, Vladimir Poutine, « de retirer immédiatement ses militaires en Crimée ». En vertu de l’accord qui lie Kiev à Moscou, la flotte russe de la mer Noire doit être cantonnée dans le port de Sébastopol.
Le représentant du chef de l’Etat par intérim parle de son côté d'une « invasion armée ». Selon Serguiï Kounitsyne, treize appareils Iliouchine 76 se sont posés sur l’aéroport militaire de Simferopol. Ces avions militaires transportent au total près de 2 000 soldats russes. Un peu plus tôt, des hélicoptères russes ont été repérés dans la région. Par conséquent, l'espace aérien en Crimée a été fermé. Les vols à destination et en provenance de la péninsule ont été annulés.
Les nouvelles autorités ukrainiennes soupçonnent la Russie de chercher à prendre le contrôle des moyens de communication. Dès jeudi, Olexandre Tourtchinov avait prévenu que tout mouvement de troupes en dehors de cette zone serait considéré comme une agression militaire. L'inquiétude prévaut également quant à ces mouvements blindés non identifiés sur la route entre Sébastopol et Simferopol, signalés par des témoins.
Un correspondant du journal russe en ligne Gazeta.ru affirme qu’à Sébastopol, des hommes armés ne portant aucun signe distinctif se sont emparés du bâtiment de la compagnie de téléphonie privée Ukrtelecom. Résultat : 80% des habitants de la ville seraient désormais privés de téléphone et d’Internet.
Mise en garde à peine voilée des Etats-Unis
Barack Obama a mis en garde la Russie ce vendredi soir contre une intervention armée en Ukraine, prévenant qu'elle aurait un « coût », lors d'un déclaration à la Maison
Blanche. Affirmant que Washington soutenait la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine, le président américain a aussi indiqué que son pays était « profondément inquiet » au sujet d'informations sur des mouvements de troupes russes en Crimée, qu'il n'a pas confirmées.
Par la voix de leur ambassadrice à l'ONU, Samantha Power, les Etats-Unis ont demandé l'envoi d'urgence d'une « mission internationale de médiation » en Crimée et appellent la Russie à retirer ses forces militaires de la région. L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a de son côté immédiatement répondu que Moscou avait « pour principe de ne pas accepter les médiations imposées ».
RFI