Avec notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert
Toujours pas d'assaut en vue. Et de toute manière, on ne voit rien à Kiev. Les jeunes assaillants continuent d'enflammer de nouveaux pneus. Un nuage de fumée couvre le centre-ville de la capitale. Et derrière ce nuage, il est difficile de distinguer combien de troupes, de bus ou de chars d'assaut se tiennent.
Les échauffourées se poursuivent. Elles ont éclaté à un second endroit, près de l’administration présidentielle, où rien ne s'est éclairé non plus. Les trois leaders de l'opposition, dont le boxeur Vitali Klitschko, sont ressortis bredouilles d'une rencontre de trois heures avec le président Victor Ianoukovitch.
De dépit, ils viennent de lui lancer un ultimatum de la scène du camp de l'Euromaidan, place de l'Indépendance : même s'ils ont condamné les violences initiées il y a quatre jours, ils donnent 24 heures pour que le président trouve une solution. Sinon, ils iront au feu.
Et apparemment, pas tous seuls, puisque la place est noire de monde. Au moins 10 000 personnes bravent le froid et le danger pour défendre le camp. De l'avis général, l'avenir du pays et des prochaines générations ukrainiennes se joue ici, et maintenant.
■ LES FAITS DU JOUR
Dans la journée de mercredi, les forces antiémeute, soutenues par un blindé, ont lancé plusieurs assauts contre les barricades dressées dans la rue où se trouvent les sièges du gouvernement et du Parlement.
Les partis d'opposition accusent le pouvoir d'avoir fait tirer délibérément sur les manifestants, alors qu'au moins deux personnes sont mortes par balle ce mercredi. Des sources médicales évoquent d'autres morts ce mercredi 22 janvier à Kiev, et des centaines de blessés.
Suite aux morts par balle, de sa prison, l'ancienne Première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko a déclaré que Viktor Ianoukovitch a cessé d'être président, devenant un «assassin».
L'Union européenne a averti qu'elle allait étudier des possibles actions et conséquences pour ses relations avec l'Ukraine, alors les Etats-Unis ont annoncé les premières sanctions, des suppressions de visa pour des ressortissants ukrainiens.
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