De notre correspondant à Vienne,
La première clé du succès de l’Autriche dans la bataille contre le chômage, en particulier le chômage des jeunes, c’est celle de la formation. En Autriche, l’orientation commence très tôt. Les parcours entre les élèves se scindent dès l’âge de 10 ans, et dès 15 ans, un tiers des jeunes Autrichiens est en apprentissage. Et l’apprentissage en Autriche, ce n’est pas une voie de garage, loin s’en faut.
Le pays a mis en place des ateliers dits de « la jeunesse au travail ». Jean-Marc Ayrault a visité d’ailleurs l’un d’eux ce vendredi matin. Ces ateliers fonctionnent comme des petites PME où des adolescents, qui étaient souvent en situation d’échec scolaire, apprennent un métier. On y forme les futurs électriciens, plombiers ou cuistots de l’Autriche. Mieux, les jeunes sont payés pendant ces années de formation : jusqu’à 500 euros par mois environ. Et ça marche : à la sortie, deux tiers des jeunes trouvent un emploi.
Culture du compromis
Il faut bien comprendre qu’en Autriche, la philosophie dominante en politique comme en économie c’est celle du compromis. Tout est fait pour favoriser le dialogue social et éviter les licenciements.
Il n’est pas rare qu’en cas de ralentissement de l’activité, syndicats et patrons s’accordent sur une réduction temporaire du temps de travail, et donc des salaires. Surtout, l’Autriche investit lourdement dans l’accompagnement de ses chômeurs. L’objectif est d’éviter à tout prix le chômage de longue durée.
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Le patron de l’AMS, l’équivalent de Pôle emploi, le dit très clairement : en Autriche, on préfère trois chômeurs pour une durée de trois mois, plutôt qu’un seul pour une durée d’un an. Evidemment, cette politique a un coût : rapporté au nombre de demandeurs d’emploi et au PIB, l’Autriche a l’un des plus gros budgets européens consacrés à la lutte contre le chômage.
Les femmes pénalisées
Mais tout n’est pas rose. D’abord cette orientation très précoce des élèves a pour inconvénient de limiter les cas d’ascension sociale. Mais surtout, les grands perdants de ce système, ou plutôt les grandes perdantes, ce sont les femmes.
Elles jouent souvent le rôle de variable d’ajustement en Autriche. En 2012, 45% des Autrichiennes travaillaient à temps partiel, contre moins de 10% des hommes.