Avec notre correspondant à Londres, Victor Lepoutre
Après deux mois d’absence, Nicolas Anelka revenait en grande pompe dans son club de West Bromwich Albion ce samedi. Il marque deux buts en première mi-temps et célèbre le premier d’une « quenelle ». Un geste inventé par l’humoriste Dieudonné et que certains voient comme antisémite, d'autres comme antisystème.
A la fin du match, l’entraîneur de West Bromwich Albion, Keith Downing, défend son joueur. Il affirme que Nicolas Anelka ne faisait que soutenir son ami Dieudonné et qu’il était tout à fait surpris de l’ampleur de la réaction. Une intention que le joueur a confirmé un peu plus tard via son compte Twitter.
Il faut dire que l’humoriste est sous la menace d’une interdiction de certains de ses spectacles par le ministère de l’Intérieur français. Mais, c’est peut-être la réputation d’Anelka d’enfant terrible du football tricolore qui le poursuit. Beaucoup se rappellent encore son exclusion de la Coupe du monde 2010 après avoir insulté le sélectionneur Raymond Domenech.
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La fédération anglaise de football a lancé une investigation. Elle est soutenue par Kick Out, une association contre la discrimination dans le sport. Nicolas Anelka pourrait faire face à une exclusion du football anglais si la fédération juge la « quenelle » raciste.
La quenelle, « un geste éminemment politique »
Jean-Paul Gautier, historien, co-auteur du livre La Galaxie Dieudonné (interrogé par la radio Europe 1) :
« Si on se base sur l’analyse de Dieudonné, il considère que c’est un acte d’émancipation populaire. En fait, c’est un acte très politique, antisystème. Reste à savoir ce qu’on met derrière le terme de système. Comme pour Dieudonné, ce système est entre les mains des juifs, ou des sionistes, c’est un acte qui a une très forte connotation antisémite.
Mais la vraie signification, c’est qu’il s’agit d’un acte éminemment politique. Lui-même d’ailleurs le dit : dès qu’on monte sur une tribune et qu’on prend la parole, on fait de la politique. Quand Dieudonné fait ça, il fait donc de la politique. […] Ce qui est sûr aussi, c’est que c’est un signe qui permet à ses partisans de se reconnaître.
Pour le moment, je pense qu’il rentabilise ça dans le domaine financier, parce qu’effectivement, cette histoire de " quenelle " a été déposée. " Quenelle " et " Quenelle + ", pour lui, c'est un gros business. »