L'argument du président Ianoukovitch est de dire que l'accord avec la Russie permet de sauver la situation économique de l'Ukraine. Pour lui, le compromis signé à Moscou est un accord gagnant-gagnant pour les deux pays. Les Russes prêtent à l'Ukraine à un taux de 5%, a-t-il précisé, pour un prêt de 15 milliards de dollars. Il a refusé de donner tous les détails du compromis aux journalistes qui l'interrogeaient, refusant de « dévoiler » toutes ses cartes. Toutefois il a estimé que la baisse du prix du gaz, conclue entre les deux parties, pouvait relancer la compétitivité de l'industrie locale.
Les accords économiques avec la Russie ne sont pas en contradiction avec l'intégration européenne, a-t-il nuancé. Et ce même si l'Ukraine pourrait effectivement se joindre à certaines clauses de l'union douanière proposée par Moscou.
Equilibriste
Concernant l'accord d'association avec l'Union européenne, il est toujours sur la table. « Nous avons fait une pause, explique simplement le président ukrainien. Il nous faut le temps d'étudier les conséquences d'un tel accord. »
Victor Ianoukovitch joue toujours les équilibristes entre Moscou et Bruxelles, alors que quasiment dans le même temps, à Moscou, Poutine a affirmé que l'Ukraine était libre de ses choix stratégiques.
L'Ukraine, « pays frère » de la Russie
La Russie ne s'oppose pas à la conclusion d'un accord d'association entre l'Union européenne et l'Ukraine dans la mesure où cela ne nuit pas à l'économie russe, a déclaré aujourd'hui le président russe « et Moscou doit aider l'Ukraine car il s'agit d'un "pays frère" ».
Des propos qui risquent fort de ne pas convaincre l'opposition ukrainienne dont des centaines de milliers de militants occupent depuis près d'un mois le centre de Kiev. « Ianoukovitch a remis l'Ukraine sous contrôle politique, militaire, énergétique, économique et financier de la Russie », a lancé hier soir Ioulia Timochenko, l'ex-Première ministre emprisonnée depuis 2011 pour abus de pouvoir.
► A (RE)ECOUTER : Malgré un accord entre Moscou et Kiev, l’opposition ukrainienne demeure mobilisée
L’opposition est, elle, la cible du pouvoir ukrainien. Viktor Ianoukovitch a ainsi fustigé ce jeudi matin « l’ingérence » des Occidentaux, qui regarderaient avec bien trop de bienveillance le mouvement d’opposition qui a pris corps depuis un mois dans le pays. Plusieurs responsables européens, au-devant desquels l’ex-ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle et la secrétaire d'Etat adjointe américaine Victoria Nuland se sont en effet rendus, ces derniers temps, auprès des manifestants.