Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio
Les échanges entre membres de l’OSCE ne devraient pas être des plus sereins dans les allées du Centre international des expositions, où doivent se croiser, entre autres, les chefs de la diplomatie allemande, polonaise et russe.
Ces derniers jours, les contacts se sont multipliés à Kiev entre diplomates européens et représentants de l’opposition et du pouvoir. Les secrétaires généraux de l'OSCE ou du Conseil de l'Europe notamment ont insisté sur la nécessité pour les deux parties en conflit, de s'asseoir à la table des négociations, tout en soulignant l'importance du respect des droits fondamentaux tels que la liberté de réunion. Une activité vue d’un mauvais œil par Moscou, qui accuse les Européens d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Ukraine.
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Arrivé dès mercredi à Kiev, le ministre allemand des Affaires étrangères, s’est accordé un bain de foule sur la place de l'Indépendance. Guido Westerwelle a découvert les barricades, les tentes, les braséros, en compagnie du député d'opposition et champion du monde de boxe, Vitaly Klitchko, qui connaît bien l'Allemagne pour s'y entraîner. Le chef de la diplomatie allemande a insisté sur le caractère européen de l'Ukraine, affirmant que les «portes de l'Union européenne restaient ouvertes». Une phrase répétée également par le commissaire européen à la politique de voisinage Stefan Fule, qui s'apprête à envoyer une nouvelle mission à Kiev.
L'opposition attend beaucoup de la diplomatie européenne
Ioulia Timochenko, ancienne chef du gouvernement emprisonnée, qui observe une grève de la faim en solidarité avec les manifestants depuis 12 jours. De son lieu de réclusion à Kharkhiv, elle a transmis à sa fille Evguenia Timochenko un message pour les diplomates européens : «Maman appelle les leaders européens à ne pas faire confiance à la rhétorique européenne des autorités, parce que tout ce que fait aujourd’hui le pouvoir c’est essayer de gagner du temps. Ils gagnent du temps pour construire à nouveau une dictature et cette dictature se construit très vite, explique sa fille. Aujourd’hui, les leaders européens doivent se mêler de la situation réellement et exiger que les policiers qui ont frappé des gens soient jugés. Il faut aussi maintenir la pression pour qu’il y ait des élections anticipées, c’est possible et réaliste. Et s’ils n’obtiennent pas de réaction à tout ça, ils doivent examiner l’introduction de sanctions personnelles, non pas des sanctions contre l’Ukraine, mais des sanctions contre la famille Ianoukovitch. Il n’y a que ça qui puisse arrêter la marche vers la dictature en Ukraine.
Les gens dans la rue ne veulent plus d’un dialogue avec Ianoukovitch, ils veulent dialoguer avec les leaders européens. Sans eux, nous ne réussirons pas, seuls à seuls, avec la dictature.»