Les responsables européens ont pourtant prévenu : sans règlement du cas de l’opposante emprisonnée, il n’y aura pas d’accord de libre-échange et de coopération avec l'UE. L’ancienne chef du gouvernement ukrainien, qui purge une peine de sept ans de prison pour abus de pouvoir, souffre de hernies discales et demande à être transférée dans un hôpital en Allemagne, pays qui s’est dit prêt à l’accueillir.
Mais le texte de loi qui devait permettre une telle option, n’a pas recueilli un nombre de voix suffisant au Parlement ukrainien ce jeudi matin. Le Parti des régions de Viktor Ianoukovitch, majoritaire, n'a pas participé au vote, arguant que les projets de loi étaient imparfaits.
→ A (RE)LIRE : L’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE au centre des débats à Yalta
L’opposition ukrainienne estime que la balle est désormais dans le camp du président, qui pourrait prendre la décision de gracier Ioulia Timochenko. Mais une réhabilitation politique de son opposante pourrait gâcher ses chances de réélection en 2015.
Et puis, depuis sa rencontre avec Vladimir Poutine la semaine dernière, Viktor Ianoukovitch, semble beaucoup moins pressé se rapprocher de l’UE. Il faut dire que la Russie, qui souhaite voir son voisin entrer dans son union douanière avec le Kazakhstan et la Biélorussie, manie habilement la carotte et le bâton, décrétant des embargos sur certains produits ukrainiens pour des raisons fantaisistes ou lui faisant miroiter une coopération économique se chiffrant en « dizaines de milliards de dollars » si Kiev renonçait à s'associer à l'UE.
Les députés européens divisés
Avec notre envoyé spécial à Strasbourg, Piotr Moszynski
Après la décision du Parlement ukrainien sur Ioulia Tymochenko, les députés européens sont clairement divisés en deux camps. Il y a ceux qui estiment qu’il faut continuer à négocier l’accord de l’association avec l’UE malgré tout, pour ne pas laisser la Russie s’emparer définitivement de l’Ukraine et pour mieux protéger Ioulia Tymochenko elle-même. Mais il y en a aussi qui se disent lassés et agacés par le jeu ambigu mené par le président Ianoukovitch, et qui considèrent que si celui-ci préfère pencher plutôt du côté russe qu’européen, alors qu’il le fasse.
Pour l’ancien vice-ministre polonais des Affaires étrangères et grand spécialiste de l’Ukraine, Pawel Kowal, rien n’est encore perdu. Il faut bien décrypter le jeu des Ukrainiens et prendre en compte l’avis d’Ioulia Tymochenko, qui, elle, appelle les Européens à signer l’accord même si elle reste en prison.
« C’est un nouveau pas dans les négociations avec l’Union européenne, affirme-t-il. Pour le président Ianoukovitch et sa majorité parlementaire, il s’agit de montrer qu’ils négocient de pied ferme. La situation d’Ioulia Tymochenko deviendra vraiment mauvaise si l’UE ne signe pas l’accord d’association, car, dans ce cas, elle retournera sans doute en prison, directement à l’hôpital ».
L’avis de Joseph Daul, président de la plus grande formation politique au Parlement européen, le PPE, est bien différent. Il estime que la ligne rouge a été franchie et qu’il faut carrément abandonner l’idée d’un accord d’association : « Les décisions en la matière seront prises dans une semaine, lors du sommet du Partenariat oriental à Vilnius ».