Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Voilà des mois et des mois maintenant que la rédaction de la nouvelle Constitution, lancée officiellement il y a deux ans à l’Assemblée, mais déjà largement ébauchée par le Parti de la justice et du développement au pouvoir, était paralysée. Voilà désormais qu’elle est abandonnée, ce qui complique passablement la tâche et l’agenda du Premier ministre Erdogan, et risque de tendre un peu plus encore l’ambiance au sein de la classe politique, à quelques mois du premier d’une série de scrutins importants.
Aucune entente
Les quatre formations parlementaires n’ont pu s’entendre sur plusieurs points cruciaux de ce qui devait être une Constitution « civile », par opposition à celle mise en place après le coup d’Etat militaire de 1980. Pour les Kurdes, l’éducation dans la langue maternelle était une condition sine qua non, les nationalistes, eux, n’étaient pas prêts à faire des concessions sur la notion de citoyenneté ; quant à l’AKP au pouvoir, il aurait voulu faire passer l’adoption du passage au régime présidentiel, dont les autres groupes ne voulaient pas.
Faute d’entente, un projet de Constitution pourrait être présenté aux électeurs pour un référendum, mais c’est risqué et retirera au texte beaucoup de sa légitimité.