Le 15 novembre dernier, la Commission européenne a donné son avis sur les projets de budget 2014 des pays de la Zone euro. Et les critiques fusent. La Belgique et les Pays-Bas se portent bien, grâce à des réductions de dépenses, et l'Irlande pourrait bientôt s'affranchir de l'assistance financière européenne. Les efforts entrepris par ce pays ont donc payé.
C'est plus au Sud qu'il faut craindre les dérapages. En Italie, la dette pourrait atteindre 134 % du PIB l'an prochain. L'Espagne compte sortir de son programme d'aide internationale, mais elle reste confrontée à un chômage record.
La Commission a validé le projet de budget 2014 de la France. Mais, pour l’exécutif européen, Paris ne dispose pas de marge de manœuvre en cas de dérapage de son déficit budgétaire.
Quel modèle économique pour l’Europe ?
L'Allemagne n’est plus un modèle à suivre pour tout le monde. En Europe et outre-Atlantique, des voix se lèvent pour critiquer sa rigidité budgétaire et son excédent commercial. L’Allemagne exporte trop et ne consomme pas assez, ce qui pose problème à ses partenaires.
«Il y a un appel à une attitude un peu plus coopérative de l’Allemagne et à une relance qui permettrait de soutenir la demande intérieure et les importations allemandes. Cela aiderait ses principaux partenaires commerciaux européens», estime Romain Sarron, économiste chez COE-Rexecode. «Mais il faudrait au préalable qu’elle puisse avoir l’assurance que ses derniers adoptent les comportements vertueux. Et ça n’est pas ce que l’on observe aujourd’hui».
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En outre, l’Allemagne n’est pas la seule à imposer les contraintes budgétaires. «Cette pression s’exerce aussi de la part des marchés sur lesquels ses pays empruntent», conclut l’économiste. Quant à la politique monétaire préconisée par l'Allemagne, la Banque centrale européenne a pris ses distances en baissant son taux d'intérêt principal.
La supervision unique
Le projet d'union bancaire en Europe, qui est à l'étude depuis fin juin 2012, va dans le même sens. Il s'agit de rompre un cercle vicieux entre crise bancaire et dettes publiques, tout en créant un mécanisme de solidarité interbancaire. Pour cela, il va falloir que les pays acceptent «un transfert du niveau national au niveau européen de l’ensemble des politiques relatives au secteur bancaire, et notamment des politiques de surveillance et des politiques d’assistance aux banques en difficulté», explique Nicolas Véron, économiste à l'Institut Bruegel à Bruxelles et chercheur à Institut Peterson à Washington. «Un chantier colossal, aussi bien juridique que politique».
Les pays membres de la Zone euro ont créé un mécanisme de supervision unique. Il s’agit de centraliser la surveillance des banques au niveau de la Banque centrale européenne pour l’ensemble de la zone euro. La BCE assumera l'ensemble de ses missions de supervision à compter du 4 novembre 2014, soit douze mois après l'entrée en vigueur du règlement. «L’étape suivante c’est : qu’est-ce qu’on va faire pour la résolution des crises bancaires ? Les tentions sont exacerbées, car personne n’a envie de payer pour les voisins», conclut Nicolas Véron.
Est-ce à la Commission européenne de sauver ou non une banque en faillite ? Là-dessus, les avis divergent. Les Européens ont promis de se mettre d'accord d'ici la fin de l'année. Il faut y croire.