Où est passée la Pussy Riot Nadejda Tolokonnikova?

Depuis le 21 octobre dernier, personne n’a eu de nouvelles de l’une des trois Pussy Riot, condamnée à deux ans de prison pour avoir chanté une « prière punk » contre Vladimir Poutine dans une église de Moscou en février 2012. Alors que sa peine de prison doit normalement se terminer en février 2014, sa famille s'inquiète vivement de ce silence, long de trois semaines. 

Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne

D’après l’administration pénitentiaire, Nadejda Tolokonnikova serait toujours en cours de transfert vers une autre prison. Selon la loi russe, l’administration a dix jours pour indiquer aux familles où se trouve leur parent emprisonné. Mais ces dix jours démarrent à partir du moment où le prisonnier est arrivé à son lieu de détention, ce qui permet de « promener » les détenus pendant des jours et des jours.

Le père de Nadejda Tolokonnikova avait d’abord reçu l'assurance des autorités qu’elle effectuerait les quatre derniers mois de sa peine dans la région de Kazan, à 700 km de Moscou. Puis on lui a parlé de Tchelabinsk, beaucoup plus à l’Est. Finalement, elle serait attendue dans une colonie pénitentiaire près de Krasnoïarsk, en pleine Sibérie. Mais les autorités de ce camp déclarent ne pas savoir quand la prisonnière va arriver, ce qui ne fait qu’accentuer l’inquiétude de la famille, d’autant plus que la jeune femme sortait tout juste d’une grève de la faim.

Une lettre qui pourrait lui coûter cher

Le 23 septembre dernier, Nadejda Tolokonnikova fait sortir de prison une lettre dénonçant ses conditions de détention et de travail, proche de l’esclavage. Elle y parle des brimades, des cadences infernales, de l’absence d’hygiène et des menaces de mort dont elle a fait l’objet de la part d’un des directeurs. Elle est aussitôt mise à l’isolement, et entame alors une grève de la faim, exigeant d’être transférée dans une autre prison. Les autorités la placent dans un hôpital un certain temps, avant de la ramener dans la même prison de Mordovie, où elle reprend sa grève de la faim. D'après les autorités, elle aurait depuis cessé sa grève de la faim et serait suivie par un médecin durant son interminable transfert.

Pour ses soutiens, Nadejda Tolokonnikova est victime d’un véritable acharnement de l’administration pénitentiaire russe, qui lui ferait payer son audace. D’autant plus que la lettre ouverte de la chanteuse, décrivant ses conditions de détention en Mordovie, a eu un certain écho, dans les journaux et au-delà. Et même si l’administration a tout rejeté en bloc, des membres de la commission des droits de l’homme auprès de la présidence ont reconnu qu’il y avait du vrai dans ce que rapportait la prisonnière. De quoi motiver son avocat à saisir la Cour suprême de Russie pour demander l’annulation de sa peine.

A (RE)LIRE : notre dossier sur les Pussy Riot

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