Avec notre correspondante à Prague, Christine Dupré
Ecoeurés par les scandales et les atteintes à un certain modèle social lors des trois ans et demi du gouvernement de droite de Petr Nečas, les Tchèques auraient dû, selon les sondages, accorder une large victoire à la gauche. Or, si l’on s’en tient aux simples points arithmétiques, le pays a une majorité de députés de droite.
La « faute » au milliardaire slovaquo-tchèque Andrej Babis, dont la formation ANO (Akce nespokojených občanů - Action des citoyens mécontents), pratiquement inconnue voici six mois, n’est arrivée qu’à un point et demi derrière les favoris sociaux-démocrates.
Andrej Babis, à la tête d’un empire agroalimentaire et propriétaire très influent de nombreux médias, a réussi à attirer à lui une bonne partie de l’électorat de droite traditionnelle et aussi nombre de mécontents du fonctionnement de la démocratie, y compris à gauche.
Le message est simple : « J’ai réussi tout seul, hors du système, je saurai diriger le pays comme une entreprise ». Andrej Babis, qui occupa des fonctions importantes au sein du commerce extérieur des entreprises tchécoslovaques à l’époque communiste, a des amis et des ennemis aussi bien à droite qu’à gauche.
Personne ne sait sur quelles bases un gouvernement stable pourrait être constitué. Le président Miloš Zeman souhaitait avoir un espace pour peser sur la vie politique, le voilà servi.