L’enjeu tout politique du recensement bosnien

Le recensement en Bosnie s’achève ce mercredi 15 octobre au soir. La Constitution divise la population en Serbes, Croates et Bosniaques, et seuls ces trois groupes ont accès au pouvoir politique en fonction de la proportion qu’ils représentent dans une municipalité donnée, d’où la tentation d’influencer le recensement pour s’arroger plus de pouvoir.

Avec notre correspondant à Srebrenica, Laurent Rouy

Chez les Bosniaques, la communauté islamique a distribué des tracts dans les mosquées aux croyants qui avaient été chassés par le nettoyage ethnique, leur demandant de revenir dans leurs anciennes communes pour éviter une érosion trop forte des Bosniaques dans la République serbe de Bosnie.

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Les Serbes et les Croates ont aussi mené campagne pour faire revenir leurs diasporas. Chez les Serbes, les partis politiques ont lancé des appels par l’intermédiaire des médias. Pour les Croates, c’est le gouvernement de la Croatie qui a mis un appel en ligne sur son site officiel. Mais il y a aussi eu des infractions par exemple à Srebrenica, où Nemira Muninovic préside la commission du recensement.

« La police des frontières de Bosnie nous a informés qu’elle avait arrêté deux recenseurs en train de passer la frontière pour entrer en Serbie, c’est-à-dire dans un autre Etat, indique cette dernière. Dans le troisième cas, il s’agit d’une jeune femme qui a recensé les clients d’un café. Tous ces formulaires de recensement ont été invalidés. »

Un peu partout, les formulaires de recensement ont manqué, ce qui a occasionné des retards allant jusqu’à cinq jours. Au final, on voit bien que ce recensement ne donnera qu’une image imparfaite de la situation sur le terrain et va très certainement causer d’infinies querelles politiques dans un pays qui en connaît déjà plus que son compte.

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