Avec notre correspondance à Athènes, Amélie Poinssot
Deux généraux démissionnaires, sept responsables mutés, et plusieurs autres suspendus. Les têtes valsent au sein de la police grecque. L'institution était très critiquée pour ses liens avec le parti néonazi.
On savait que de nombreuses plaintes déposées par des immigrés victimes d'agressions xénophobes n'étaient jamais traitées. On savait aussi que des violences policières survenaient régulièrement dans les commissariats.
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Tout cela a été maintes fois dénoncé par les ONG et la presse d'opposition. Mais cela n'avait jamais été pris au sérieux par les autorités. Changement de cap, donc, après l'assassinat de Pavlos Fyssas. Et, surtout, après les révélations qui tombent depuis, chaque jour, dans la presse grecque.
« L’Etat profond »
Le quotidien Ethnos a publié un entretien avec un ancien membre des milices d'Aube Dorée, qui raconte, entre autres, comment dans sa commune de la banlieue athénienne un policier complice prévenait le parti néonazi en cas de contrôles policiers et couvrait ses membres pris en flagrant délit.
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Des vidéos ont démontré en outre l'intervention d'hommes en civil aux côtés des forces de l'ordre, lors des affrontements des dernières manifestations. Cette collusion entre police et Aube Dorée, c'est ce que les spécialistes de l'extrême droite ici appellent «l'Etat profond». Pour eux, il n'y avait jamais eu d'épuration depuis la chute des Colonels, en 74.