Les petits partis à l’assaut du Parlement allemand

Les chrétiens-démocrates d’Angela Merkel et le SPD emmené par Peer Steinbrück devraient décrocher le 22 septembre 2013 environ les deux tiers des voix. Mais plusieurs petits partis espèrent bien faire le retour ou être représentés pour la première fois au Bundestag.

Avec notre correspondant,

Le Parlement allemand, après un relatif émiettement dans les années cinquante, après la création de la République fédérale d’Allemagne en 1949, n’a longtemps compté que trois partis. Les deux partis dits « populaires », la CDU et le SPD. « Populaires » en raison de leur poids puisqu’ils engrangeaient chacun,entre 40 et 50% des voix, lors des élections ; mais aussi parce que leurs programmes et la sociologie de leur électorat leur offraient une représentativité importante.

La troisième force, les libéraux du FDP, faisait figure de parti charnière, s’alliant tantôt avec les sociaux-démocrates (sous les gouvernements des chanceliers Willy Brandt et Helmut Schmidt de 1969 à 1982) ou avec les chrétiens-démocrates comme cela fut le cas durant seize ans sous le règne d’Helmut Kohl et depuis 2009 aux côtés d’Angela Merkel. Le parti libéral, mouvement séduisant avant tout les professions libérales, a toujours connu des hauts et des bas.

En 2009, il engrange un résultat historique de près de 15% des voix s’expliquant par la volonté des électeurs conservateurs de mettre fin à la grande coalition droite-gauche qui gouvernait depuis quatre le pays. Depuis, le FDP a connu échec sur échec lors d’élections régionales intermédiaires. Sa dernière défaite cinglante dimanche dernier en Bavière –une région où il est traditionnellement faible- et des sondages qui lui donnent environ 5%, mettent en danger sa survie parlementaire. Ce pourcentage est nécessaire pour être représenté au Bundestag.

Percée des Verts

Le paysage politique allemand s’est élargi au début des années 1980 avec la fondation du parti écologiste. Le nouveau mouvement perce d’abord dans les régions avant d’accéder au pouvoir en 1998 aux côtés du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder. Les Verts sont aujourd’hui sur la défensive. Le choc causé dans une Allemagne traditionnellement hostile au nucléaire lors de la catastrophe de Fukushima avait propulsé le parti vers des sommets jamais atteints. Il avait même brièvement devancé son grand frère social-démocrate. C’est à cette époque que les écologistes remportent un succès historique dans un bastion conservateur de toujours, le Bade Wurtemberg dont leur champion arrivé en tête prend la direction aux côtés du SPD.

Malgré des pertes, les Verts se maintenaient jusqu’au printemps à un niveau des plus respectables avant d’amorcer un déclin. Ils sont crédités aujourd’hui de moins de 10% dans les sondages. Leur campagne qui a mis en avant des thèmes économiques et sociaux semble les avoir desservis. L’annonce de hausses d’impôts pour les plus riches –une partie de leur clientèle- n’a pas plus été favorable. Dans la dernière ligne droite, les écologistes mettent à nouveau l’accent sur leurs « valeurs sûres » à savoir l’environnement.

Avec la réunification, une cinquième force s’est installée, le parti du socialisme démocratique PDS, héritier de l’ancien parti communiste est-allemand, un mouvement bien implanté dans la partie est du pays. Après les réformes sociales du chancelier Schröder, des sociaux-démocrates qui les rejettent créent à l’Ouest un nouveau parti WASG qui fusionne plus tard avec le PDS pour donner naissance à Die Linke. Ce mouvement à la gauche du SPD parvient à engranger des succès dans des régions occidentales de l’Allemagne. Il devrait être à nouveau représenté au sein du nouveau parlement et est aujourd’hui crédité d’environ 10% des voix dans les sondages. Son programme social notamment séduit.

Montée des Europsceptiques

Deux autres partis, parmi ceux qui sont en lice cette année, espèrent franchir la barre fatidique des 5% et décrocher des sièges au parlement allemand. Tout d’abord l’AfD (Alternative pour l’Allemagne). Ce parti eurosceptique a atteint jusqu’à 4% dans les sondages. Créé il y a quelques mois, il séduit des électeurs qui rejettent les plans d’aide mis en place au sein de la zone euro et souhaite une remise en cause de la monnaie unique européenne. Le relatif calme ces derniers mois sur ce front, depuis la crise chypriote a desservi l’AfD qui a essayé de mettre en avant, sans convaincre vraiment, d’autres thèmes. Mais le mouvement pourrait aussi séduire des électeurs protestataires pas toujours «propres sur eux» au mieux populistes au pire proches des mouvances d’extrême-droite.

Les instituts de sondage restent très prudents et ne veulent pas exclure une percée au-delà de 5% car certains électeurs de l’AfD, interrogés, ne révèlent pas forcément leur intention de vote. Quoiqu’il en soit, un score, même inférieur, pourrait être une mauvaise nouvelle pour les conservateurs et les priver à l’arrivée de précieuses voix.

Restent les pirates qui, après leurs premiers succès à Berlin, ont réussi à s’imposer lors de quatre élections régionales. Mais ils sont en perte de vitesse ces derniers mois. Des querelles internes, un côté brouillon et peu professionnel, le manque de personnalités médiatiques connues ont nui au nouveau mouvement qui ne devrait pas être représenté au sein du futur Parlement allemand.

Partager :