Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Après avoir annoncé lundi la suspension du retrait de ses militants armés comme prévu dans le cadre des négociations de paix secrètes, c’est le second avertissement que la rébellion kurde lance à Ankara, un avertissement à double détente.
Tout d’abord, la rentrée des classes sera ignorée par les élèves de la région kurde durant la première semaine de cours, pour bien faire comprendre que les Kurdes ne veulent plus être forcés d’apprendre le turc dans les écoles de la République, mais voudraient parler leur langue. Ce boycott avait déjà été mis en place il y a quelques années, avec un succès relatif, il faut bien le dire.
En revanche, la deuxième menace brandie par le PKK via son aile politique le KCK, pourrait s’avérer plus efficace et plus gênante, puisque les Kurdes sont appelés à sa joindre aux manifestations antigouvernementales qui ont repris depuis début septembre, alors qu’en juin ils étaient restés en retrait du mouvement de contestation de Gezi.
Les luttes démocratiques en Turquie doivent être unifiées, dit ce mémorandum de la rébellion, jusqu’à ce que le gouvernement prenne des mesures sérieuses pour résoudre le problème kurde.
Le vice-Premier ministre Mehmet Ali Shahin a réagi à l'annonce du PKK/KCK. «Il n'est pas possible pour nous d'accepter la menace d'une reprise de la lutte armée, c'est un coup de bluff que nous n'avalerons pas. Alors que nous sommes dans le dialogue politique, si vous utilisez la menace des armes, il ne nous est pas possible d'avancer avec vous», a-t-il déclaré. Le gouvernement avait en effet qu'il présenterait un nouveau paquet de réformes de démocratisation ce vendredi 13 septembre.