C’est Noël avant l’heure à la CDU. À six mois de l’échéance habituelle, les chrétiens-démocrates raccrochent la rigueur aux vestiaires et font miroiter aux électeurs des promesses des plus alléchantes. Certes, l’Allemagne en bonne santé économique et dont le budget est quasi à l’équilibre peut se permettre d’ouvrir les vannes électorales.
Mais pour de nombreuses voix critiques, la ficelle est un peu grosse. Ironie de l’histoire, après l’adoption dimanche à l’unanimité par 650 délégués de ce programme, c’est dans un bâtiment un peu décrépit du centre-ville de Berlin abritant les coulisses des opéras de la ville que s’est poursuivi la grande messe préélectorale. Un lieu qui permet de se demander si les belles promesses de la CDU ne constituent pas surtout un décor dont les chances de devenir réalité sont minces.
« Le poison de la dépense »
Le patron du parti social-démocrate Sigmar Gabriel a parlé « d’escroquerie ». Son camarade Peer Steinbrück, le challenger d’Angela Merkel, a évoqué « beaucoup de platitudes et de promesses creuses ». Le parti libéral allié de la chancelière n’est pas en reste. Peut-être irrité qu’Angela Merkel n’ait pas annoncé son intention ferme de poursuivre la coalition en place, le vice-chancelier et ministre de l’Economie Philipp Rösler a critiqué un programme accusé à ses yeux de distiller « le poison de la dépense ».
Même si la CDU n’a pas chiffré ses promesses, elles pourraient s’élever selon la presse allemande à près de trente milliards d’Euros. Les allocations familiales doivent être relevées ainsi que les retraites des mères de famille. La « démobilisation asymétrique » au cœur de la stratégie Merkel a encore frappé. En clair, cela consiste à emprunter sans rougir les propositions de la concurrence pour lui enlever des thèmes de campagne porteurs.
Une campagne « climatique »
Ainsi Angela Merkel a repris à son compte la proposition des sociaux-démocrates de plafonner les hausses des loyers. Même chose pour la promesse chère à la gauche et aux syndicats de développer les salaires minimaux de branche. Pour le quotidien populaire Bild Zeitung de lundi, « il s’agit du programme le plus social-démocrate de tous les temps ». Avec de telles propositions, pourquoi aller voter pour une gauche dont le candidat reste impopulaire et le parti à la traine dans les sondages ?
La très populaire Angela Merkel peut ainsi espérer séduire ses électeurs traditionnels, mais aussi d’autres plus à gauche très nombreux à apprécier la populaire Angie.
Au-delà de ce programme et de ses promesses dont les observateurs restent sceptiques sur leurs chances d’être mises en pratique après les élections, l’enjeu est avant tout de lancer une campagne « climatique » fondée sur la personne de la chancelière.
Une caricature ces derniers jours résumait bien les thèmes de campagne des chrétiens-démocrates : on y voyait des poupées russes, de la plus grande à la plus petite, alignées les unes à côté des autres et sur lesquelles figuraient invariablement la même babouchka aux traits très merkeliens.