Avec notre envoyée spéciale à Enniskillen et notre correspondante à Londres
Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont mis d’accord ce mardi matin pour affirmer collectivement leur refus de payer des rançons en cas d’enlèvement de leurs ressortissants par des organisations terroristes. Officiellement, aucun pays n’admet payer des rançons aux preneurs d’otages, mais certains Etats sont réputés plus laxistes que d’autres sur cette question. Selon les chiffres qui circulent à Lough Erne, al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) aurait par exemple touché 33 millions d’euros au cours des trois dernières années via ce paiement de rançon pour obtenir la libération d’otages.
Un sujet incontournable : la Syrie
La Syrie a été de nouveau évoquée ce mardi matin. Hier soir, les dirigeants du G8 s’étaient quittés sur un constat d’impuissance si non d’échec, chacun campant sur ses positions. Un conseiller britannique évoquait même la possibilité d’une déclaration qui ne serait pas signée par la Russie. Mais ce matin, les discussions ont repris et on s’achemine vers une déclaration commune à tous les dirigeants du G8, un communiqué sans aucune portée réelle cependant puisqu’il s’agit seulement de rappeler la nécessité d’organiser une conférence internationale de paix dans les prochaines semaines, sans plus de précisions.
La Syrie, c’était le plat principal du dîner de la soirée du 17 juin, qui réunissait l’ensemble des dirigeants du G8 (Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Russie plus l’UE). Le président russe est arrivé à Enniskillen déterminé à empêcher les livraisons d'armes aux rebelles syriens, voulues par les Américains, les Français et les Britanniques.
Les Occidentaux souhaitent, eux, que Vladimir Poutine modère son soutien au régime de Bachar el-Assad. Ce lundi soir, le numéro 1 de la Fédération russe s'est entretenu avec le président américain. La rencontre s'annonçait tendue, et elle le fut. Les deux hommes ne s'étaient pas vus en tête-à-tête depuis un an.
Moscou fait pression sur Damas
Les deux dirigeants sont tombés d'accord pour que leurs équipes travaillent à l'élaboration d'une conférence internationale de paix sur la Syrie. Pour le reste, ils ont de nouveau constaté le fossé qui les sépare. De fait, MM. Obama et Poutine soutiennent des camps qui s'affrontent violemment sur le terrain syrien.
Lundi après-midi, le président français a lui aussi rencontré son homologue de Moscou. Même fossé, même souhait de voir une conférence se tenir à Genève. Vladimir Poutine a tout de même affirmé qu'il faisait pression sur le régime syrien pour qu'il participe à cette rencontre. Une légère inflexion dans un discours jusqu'à présent très ferme.
Juste avant le début officiel du sommet du G8, une cérémonie a par ailleurs marqué le lancement des négociations pour un accord de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis. « Ces négociations pourraient mener au plus important accord bilatéral de l'histoire », a commenté le Premier ministre britannique David Cameron lors de la cérémonie.
Rendez-vous transatlantique en juillet
L'Europe et les Etats-Unis représentent 40% des échanges et la moitié de la production mondiale. L'harmonisation des réglementations européennes et américaines pourrait faire gagner jusqu'à un point de croissance au Vieux continent, soit un gain de près de 120 milliards d'euros pour l’économie européenne, selon des estimations.
Les discussions seront difficiles : échaudé par l'attitude de la France, qui a réussi à exclure le secteur audiovisuel des négociations, Barack Obama prévient déjà : « Il y aura des susceptibilités des deux côtés, il y aura des questions politiques des deux côtés, mais cet accord de libre-échange transatlantique sera l'une de mes priorités, et c'est important que nous conduisions correctement ces négociations. Cela signifie résister à la tentation de réduire nos ambitions ou d'éviter les sujets difficiles juste pour obtenir un accord. »
Les négociations devraient durer au moins dix-huit mois. Le premier rendez-vous est fixé en juillet prochain à Washington.
Le Royaume-Uni, transparent ou offshore ?
Si la crise syrienne s’est imposée au dernier moment au milieu des questions économiques, l’hôte du sommet, le Premier ministre britannique David Cameron, ne perd pas de vue la lutte contre l’évasion fiscale, qu’il a placée parmi les priorités de l’agenda de la réunion.
Désireux d’apparaître à la pointe du combat, David Cameron multiplie depuis plusieurs mois les déclarations d’intention en faveur de la transparence. Mais ce changement de rhétorique de la part d’un pays qui tient une place de choix dans le marché de la finance offshore en laisse plus d’un sceptiques.
A commencer par le journaliste britannique Richard Brooks, un ancien inspecteur des impôts, qui vient de dénoncer dans un livre la politique fiscale plus qu’ambiguë du Royaume-Uni. « C’est vraiment un gros mensonge, affirme-t-il au micro de notre correspondante à Londres. Le gouvernement dit s’attaquer à l’évasion fiscale alors qu’en réalité, il est en train d’assouplir les lois qui permettent aux multinationales de transférer leurs profits dans des paradis fiscaux où elles paient très peu d’impôts. Nous sommes en train de devenir un paradis fiscal non seulement pour les grandes sociétés, mais aussi pour les plus riches. »